Le problème de l'identité est de savoir comment se préserver si son environnement change.La France du XXIe siècle n'est pas la France de Charles de Gaulle. Ce n'est même pas la France de François Mitterrand. Cette France a disparu au début du XXIe siècle. Le gaulliste Jacques Chirac était le dernier président français national à proprement parler.
La lettre ouverte de 20 généraux français à la retraite mettant en garde le pays contre le risque d'une guerre civile pourrait ressembler à un battage médiatique de vétérans qui s'ennuient. Cependant, ce n'est pas ainsi que le gouvernement de la république l'a perçu et y a réagi avec des menaces. Les autorités partaient du principe que les propos dans la lettre étaient très graves. Et elles espéraient apaiser la montée de la protestation par de telles menaces.
Cependant, à ces menaces ont répondu plus de mille officiers d'active, qui ont signé une lettre en soutien aux vétérans. Rejoints ensuite par des officiers de police.
Certains pourraient tracer un parallèle avec les complots des militaires contre Charles de Gaulle, quand il a accepté l'autodétermination de l'Algérie et a mis un terme à huit ans de guerre (1954-1962).
Le général de Gaulle mettait fin à la guerre en détachant de la France une population de culture étrangère, la détachait avec le territoire. Et il excluait les Algériens des citoyens du pays. Les militaires qui s'y opposaient voulaient qu'ils demeurent des citoyens du pays.
Les généraux et les officiers qui s'adressent aujourd'hui au président français Emmanuel Macron sont plus proches de Charles de Gaulle que de ses opposants: ils ne veulent pas que ceux pour qui la culture et les traditions du pays sont étrangères fassent partie de ses citoyens.
Les contestataires sont accusés de "l'inadmissible", d'ingérence des militaires dans la politique. Néanmoins, c'est le général de Gaulle qui est devenu un exemple et un symbole pour la France, qui l'a sauvée à deux reprises: pendant la Seconde Guerre mondiale et à la fin des années 1950. Ce sont les généraux qui créaient la base des succès ultérieurs des gouvernements civils de la France.
En 2002, il s'est avéré que le système établi de succession de deux partis au pouvoir s'était effondré – le parti socialiste a perdu au premier tour face au Front national de Jean-Marie Le Pen, et ses partisans ont dû voter pour Jacques Chirac afin de faire barrage au FN. Trois ans plus tard, les socialistes ont trahi la France en soutenant "l'occupation" afro-arabe du pays. En 2007, il s'est avéré qu'ils n'avaient rien à proposer à la France hormis des promesses de rendre la vie encore "plus confortable". Nicolas Sarkozy n'a pas non plus réussi à protéger le pays contre l'immense afflux de migrants. Tout comme François Hollande et Emmanuel Macron.
Le principal problème des socialistes en France était qu'ils ne pouvaient rien dire de nouveau à leur peuple. Ils ne pouvaient pas répondre à la question de savoir comment ils voient la France du XXIe siècle. Ils voyaient le XXIe siècle comme une version améliorée du dernier tiers du XXe siècle, et la nouvelle présidence comme une sorte de troisième mandat de François Mitterrand.
Cependant, la victoire de ce dernier en 1980 a été remportée alors que le rapport international des forces était complètement différent. Le monde regardait à l'époque sur l'Union soviétique. Les deux pays, tantôt l'un tantôt l'autre, choisissaient une orientation socialiste. Le parti communiste français était très influent et même s'il ne pouvait prendre le pouvoir, il était capable d'améliorer d'au moins une fois et demie le résultat des socialistes aux élections.
La France faisait partie des premiers pays d'Europe à adopter législativement le principe d'égalité raciale et ethnique, et les Français s'en souviennent très bien. Cependant, quand ceux qui étaient auparavant opprimés sont acceptés, protégés et dotés de droits, exigent de reconnaître les normes culturelles et comportementales du Soudan ou de l'Algérie comme des normes de la France, la tolérance disparaît.
L'une des principales craintes d'un grand nombre de Français souhaitant rester français (et ne pas devenir franco-africains) quant au succès éventuel des socialistes était que ces derniers se mettent à encourager les groupes de culture étrangère jusqu'à une perte totale par la France de son identité nationale historique. Les Français, contrairement aux Anglo-Saxons, n'ont jamais voulu inculquer la démocratie aux Kurdes irakiens ou aux Arabes, aux sunnites ou aux chiites. Mais de la même manière ils ne voudraient pas que les Arabes français et d'autres musulmans leur apprennent à porter le hidjab et à construire des mosquées.
Beaucoup de Français se sentent aujourd'hui comme des habitants d'un pays occupé. Alors que la droite et la gauche semblent avoir changé de place par rapport à l'occupation de 1940-1944: si à l'époque la droite appelait à collaborer et à concilier avec les occupants et la gauche appelait à combattre ces derniers, maintenant c'est Marine Le Pen de droite qui appelle à la résistance, tandis que les socialistes et les centristes appellent à la capitulation.
L'ex-députée française Marion Maréchal-Le Pen a prédit la disparition des Français de souche. Elle a déclaré que les Français de souche deviendraient minoritaires autour de 2050 à cause de la politique migratoire actuelle de Paris. "La France sera-t-elle encore la France si demain nous devenons une république islamique? Je n'en suis pas tout à fait convaincue", a-t-elle ajouté.
Marion Maréchal-Le Pen a souligné qu'elle croyait en l'assimilation des étrangers, mais ne la jugeait pas possible si les cultures étrangères devenaient majoritaires. Elle a supposé que si la situation migratoire ne changeait pas, une nouvelle civilisation pourrait prendre la place de la "civilisation française".
Alexandre Lemoine
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