D'après l'ancien conseiller de Donald Trump à la sécurité nationale, le général Michael Flynn, ex-patron du renseignement militaire, ce qui s'est produit en Birmanie doit également arriver aux Etats-Unis.
Des médias américains ont découvert que dans les groupes de discussion secrets des unités d'élite américaines des soldats d'active et à la retraite critiquent l'ordre du jour officiel et parlent de manière irrespectueuse à propos des autorités américaines.
Dans des groupes fermés de Facebook réservés aux militaires des forces des opérations spéciales, où des journalistes de NBC News ont réussi à s'introduire, "les Navy SEAL partagent la désinformation sur les élections "volées" de 2020, des commentaires dénigrants et racistes sur le gouvernement politique de l'Amérique et même la théorie conspirationniste QAnon".
Parmi des centaines de commentaires sur Facebook dans les forums pour les rangers, les bérets verts et d'autres combattants d'élite on retrouve des déclarations extrêmement dures sur les événements en Amérique. Ainsi, un membre des forces spéciales déplore que "des voleurs et des pédophiles se promènent dans les halls sacrés du gouvernement populaire pour saper les positions de l'ancien président Donald Trump. Dans un monde juste ils seraient déjà conduits derrière le bâtiment du tribunal et fusillés", réagit à ce commentaire un autre combattant.
Le plus grand nombre de telles déclarations se trouve dans les groupes SF Brotherhood –PAC et US Special Forces Team Room, qui comptent plus de 5.000 membres. Ils se moquent fréquemment du président Joe Biden ou appellent souvent le secrétaire à la Défense l'Afro-Américain Lloyd Austin avec des surnoms humiliants comme Bubba, punk raciste, larve purulente. Certains soutiennent les déclarations de Donald Trump concernant une "vaste fraude aux élections de 2020".
Ces groupes commentent également la prise du Capitole du 6 janvier. En même temps sont avancées des "théories du complot", écrit NBC News, en affirmant que les manifestants étaient des membres d'Antifa et de Black Lives Matter (BLM), et non des partisans de Donald Trump. "Trump a été piégé!", a écrit un combattant d'élite américain le 7 janvier concernant l'attaque du Capitole.
Tous les groupes, dans lesquels les journalistes de NBC News ont réussi à s'introduire, vérifient minutieusement leurs membres pour s'assurer qu'ils ont effectivement servi ou servent dans les forces spéciales. Leurs membres sont appelés à être prudents dans leurs publications car "quelqu'un surveille et enregistre toujours vos déclarations". Les journalistes de NBC News ont tenté d'interroger les membres de ces groupes concernant leurs opinions, mais n'ont obtenu aucune réponse.
Garry Reid, chef du contrespionnage au Pentagone, a déclaré que les groupes de discussion découverts feront l'objet d'une sérieuse enquête, que le Pentagone identifiera et prendra des mesures contre les militaires qui appellent "à la haine, à la violence et à la discrimination illégale".
Le chef du Pentagone Lloyd Austin a récemment publié un mémorandum avec des instructions visant à lutter contre l'extrémisme au sein des forces armées. Le "suprématisme blanc" y est assimilé à l'extrémisme. Les nouvelles recrues passeront des tests de comportement extrémiste, alors qu'aux militaires partant en retraite il sera expliqué comment ils doivent se prémunir de la participation à des groupes extrémistes.
Le commandement des forces des opérations spéciales des Etats-Unis (SOCOM) a publié en mai un plan visant à "améliorer la diversité raciale et ethnique et à éradiquer les préjugés dans les forces armées". Sachant que l'ancien béret vert Jack Murphy a noté que les membres du mouvement QAnon jurent de combattre le gouvernement américain, ce qui risque de conduire à l'apparition de structures parallèles concurrentes avec les officielles dans le commandement des forces armées.
Or quand les "ennemis du peuple" sont identifiés, ils sont punis. L'une des premières victimes de la lutte contre l'extrémisme dans l'armée a été le lieutenant-colonel Matthew Lohmeier des forces spatiales. Il a été démis de ses fonctions en attente d'une enquête après avoir écrit et publié à ses frais le livre Irresistible Revolution : Marxism’s Goal of Conquest & the Unmaking of the American Military, puis il a commenté son œuvre sur le site Rumble. Le 14 mai, sur ordre du commandement cet officier a été démis de ses fonctions de commandant de la 11e escadrille et d'alerte spatiale à la base aérienne de Buckley, Colorado, pour une "activité politique dissidente interdite".
Cependant, les répressions ont suscité l'effet inverse. Quelques heures après la démission du lieutenant-colonel, son livre est devenu un best-seller pour se retrouver en tête de classement des nouveautés sur Amazon. Le sénateur républicain Tom Cotton , vétéran qui a servi en Irak et en Afghanistan, a rencontré Matthew Lohmeier et a déclaré qu'il considérait la situation au sein des forces armées comme sa propre douleur. Il a appelé les militaires à l'informer s'ils faisaient l'objet d'une pression politique.
Les idées séditieuses, selon les démocrates, ne circulent pas seulement dans les unités d'élite. Les effectifs ordinaires ne se font pas leurrer par l'agenda des propagandistes démocrates en leur posant des questions épineuses. Par exemple, pourquoi les protestations du 6 janvier sont considérées comme l'extrémisme, contrairement aux émeutes d'Antifa? C'est ce qu'a évoqué dans une conférence de presse au Pentagone par le conseiller du commandant du Comité unifié des chefs d'état-major Ramon Colon-Lopez. Ce dernier a déclaré que "les organisations extrémistes recrutent activement des militaires, c'est mauvais pour le département et pour l'image des militaires".
Les craintes du Pentagone ne sont pas infondées. L'ancien conseiller de Donald Trump à la sécurité nationale, le général Michael Flynn, ex-patron du renseignement militaire, a participé le weekend dernier à une conférence du mouvement QAnon à Dallas, Texas. L'un des participants à la conférence a demandé à Michael Flynn: "Je voudrais savoir pour quelle raison ce qui est arrivé en Birmanie (coup d'Etat – ndlr) ne peut pas se produire ici." Sous les cris d'approbation Michael Flynn a répondu: "Il n'y a pas de raisons. Je veux dire que cela devrait se produire ici."
Alexandre Lemoine
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