L'humanité parviendra-t-elle à vaincre la Covid-19 d'ici début 2022 ou faut-il s'attendre à une nouvelle vague? Pourquoi malgré l'existence d'un vaccin efficace la communauté mondiale n'a-t-elle toujours pas réussi à vaincre ce vicieux virus?
La situation concernant le coronavirus devient de plus en plus incompréhensible. Hans Henri Kluge, directeur régional de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'Europe, a déclaré dans une interview: "A titre d'hypothèse, la pandémie restera derrière nous d'ici début 2022." D'après lui, le coronavirus existera encore, mais des mesures destructives ne seront plus nécessaires.
Il était estimé plus tôt que si la majeure partie de la population guérissait, elle développerait une immunité collective et le virus reculerait. Cependant, de plus en plus de nouvelles informations indiquent que les guéris continuent de retomber malades, que l'immunité après la maladie est faible, sans parler des mutations… Bref, la guérison s'est avérée insuffisante.
La vaccination contre la Covid-19 accélère le passage à l'endémie et réduit considérablement le nombre de morts sur cette voie.
Il existe des raisons pour s'attendre à ce que le SARS-CoV-2 devienne endémique et saisonnier. Les infections se concentreront dans certains groupes sociaux dépourvus d'immunité tels que les enfants qui n'ont pas encore été vaccinés ou les adultes ayant une immunité affaiblie.
Cependant, même si ces suppositions sont exactes, cela se déroulerait sur plusieurs mois et années. Et les récentes informations au sujet de nouvelles mutations du virus ne témoignent pas en faveur d'un affaiblissement de la pandémie, plutôt du contraire. Il est encore tôt pour tirer des conclusions.
"Les chances que la maladie disparaisse sont très faibles", a déclaré Kate Baker, chercheuse en maladies infectieuses à l'université de Liverpool. L'avenir se résume à deux options possibles: nous détruisons le virus ou non. Dans le second cas la maladie deviendra endémique.
L'éradication du coronavirus nécessite une plus grande coordination mondiale qui n'existe pas à l'heure actuelle. Malgré la présence d'un vaccin efficace, il n'y a pas de ressources politiques ni économiques pour le distribuer équitablement à travers le monde.
Des questions relatives à la pandémie de Covid-19 ont été soulevées pendant la 74e session de l'Assemblée mondiale de la santé qui s'est déroulée du 24 au 31 mai 2021. L'absence dans certains pays d'un accès équitable aux vaccins y a été qualifiée de raison principale de la prolifération du virus.
L'Europe renforce les mesures pour lutter contre la Covid-19 qui mute. Au printemps déjà a été découvert le variant B117 du coronavirus découvert pour la première fois au Royaume-Uni, qui s'est répandu ensuite dans plus de 27 pays européens et domine actuellement en Europe. De plus, c'est encore le Royaume-Uni qui a été le plus affecté par le nouveau variant delta encore plus contagieux.
La France a été également significativement touchée. D'ici fin juillet le pays attend une quatrième vague de l'épidémie à cause du variant delta qui se propage rapidement. La France est le premier pays européen de par le nombre de malades (plus de 5,9 millions de personnes) et deuxième de par le nombre de morts (plus de 111.000 personnes) juste derrière la Grande-Bretagne.
La revue médicale The Lancet a publié une lettre ouverte signée par 122 scientifiques et médecins principalement d'Inde et de Grande-Bretagne. Elle s'adresse au gouvernement britannique: le premier ministre Boris Johnson a proclamé le 19 juillet "journée de la liberté", en annulant la majorité des restrictions dues à la pandémie. Cette décision a été prise compte tenu de la baisse de la morbidité et de la mortalité grâce à la vaccination. Mais les scientifiques expriment leur désaccord.
"Le lien entre l'infection et la mort a peut-être faibli mais n'a pas été enfreint et l'infection peut encore provoquer une contamination significative par des maladies aussi bien aiguës que longues", insistent les scientifiques.
Les médecins mettent l'accent sur la vulnérabilité des enfants et des adolescents: "Le gouvernement a fait le choix conscient de soumettre les enfants à une contamination de masse au lieu de les protéger à l'école ou les vacciner. C'est contraire à l'éthique et inadmissible."
La fermeture des frontières au début de la pandémie avait une importance majeure pour limiter la prolifération du coronavirus, mais cela ne peut pas se répéter indéfiniment. Le principal espoir des médecins restent la vaccination massive de la population et la formation d'une immunité collective contre le virus.
Que faire dans ces conditions? Il est impossible de rester cloîtrer éternellement entre quatre murs, il est impossible de porter éternellement un masque. D'une manière ou d'une autre il faut apprendre à interagir avec ce virus et cohabiter avec lui sur le même territoire.
Il est à espérer qu'après l'été la morbidité restera sous contrôle. La majorité de la population devrait être vaccinée d'ici-là.
Cela contribuera peut-être à l'apparition d'une immunité collective et à la réduction de la circulation du virus. Ou encore le virus pourrait lui-même faiblir à cause du climat et des mutations.
Alexandre Lemoine
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