Les combats entre les armées du Soudan et de l'Éthiopie pourraient avoir des conséquences considérables.
Au moins six hommes ont été tués dans les combats entre les forces soudanaises et éthiopiennes. Cela s'est produit dans la région contestée d'al-Fashaga, où entre décembre 2020 et avril 2021 des affrontements armés avaient déjà eu lieu entre les militaires des deux pays. Selon les experts, cela fait partie intégrante du processus de déstabilisation de la situation dans le nord-est de l'Afrique qui s'accélère. Les États-Unis ne sont plus intéressés par le maintien de la paix dans cette région.
Les combats dans la région litigieuse ont été rapportés par l'armée soudanaise. Selon les informations du Soudan, l'attaque a été repoussée, les pertes des Soudanais s'élèvent à six hommes, les forces éthiopiennes ont perdu bien plus. Les relations se sont nettement aggravées entre ces deux pays dernièrement. Le Soudan a partiellement fermé la frontière avec l'Éthiopie, qui est aux prises avec une guerre civile: les forces gouvernementales combattent contre le Front de libération du peuple du Tigré (FLPT). Les Soudanais craignent que des combattants de cette organisation s'infiltrent sur leur territoire avec des réfugiés.
Le Tigré insurrectionnel se trouve près de la région litigieuse d'al-Fashaga, qui est revendiquée par le Soudan et l'Éthiopie. Entre décembre 2020 et fin avril, de véritables affrontements militaires se déroulaient entre les deux pays pour le contrôle de cette région agricole importante. Les affrontements avec l'utilisation de blindés et de l'aviation ont cessé en avril. Mais aujourd'hui, quand l'intensité des activités militaires entre les forces gouvernementales et le FLPT a diminué, les affrontements pourraient reprendre.
Les activités militaires entre les deux pays se déroulent sur fond de détente dans les relations américano-éthiopiennes. Mi-novembre, les États-Unis ont annoncé qu'ils reportaient l'adoption de nouvelles sanctions contre l'Éthiopie à cause des violations des droits de l'homme au Tigré. L'objectif consiste à contribuer aux négociations de paix avec la médiation de l'Union africaine. En même temps, les États-Unis ont suggéré aux citoyens américains de quitter le pays, ce qui a suscité l'indignation des autorités éthiopiennes. Ces dernières estiment que de cette manière les autorités américaines attisent intentionnellement la situation.
L'éventuel conflit entre le Soudan et l'Éthiopie doit être analysé dans un contexte plus large. Le nord-est de l'Afrique est devenu un terrain de rivalité entre les puissances mondiales, avant tout de la Chine et des États-Unis. C'est surtout Washington qui cherche à aggraver les choses. Quant à Pékin, qui se distingue par sa capacité à établir des relations avec tous les régimes africains, y compris ceux qui ne répondent pas aux normes démocratiques, le statu quo dans cette région ne lui convenait pas.
Il existe de nombreux conflits qui se consument au nord-est de l'Afrique. Il existe des litiges territoriaux entre les pays, des litiges à cause de l'utilisation de l'eau du Nil et de ses affluents. Enfin, une guerre civile rampante a lieu non seulement en Éthiopie, mais également au Soudan, qui pourrait s'aggraver à tout moment.
Coïncidence intéressante: le conflit à la frontière entre les deux États se déroule au moment où à Pékin a lieu un sommet du Forum de coopération sino-africaine. Ses participants parlent notamment du renforcement de la présence de la Chine dans les pays de la Corne de l'Afrique et plus au nord.
Alexandre Lemoine
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