Le scénario de guerre et de «punition» mis en place par l'Amérique, avec l'appui de la Grande-Bretagne se présente. Contrairement à ce qu'affirme la propagande américaine, la Russie n'a aucune intention d'envahir l'Ukraine.
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Les anglosaxons font tout pour pousser l'Ukraine à attaquer le Donbass. Ils donnent en ce moment à l'Ukraine argent, armes et munitions en grandes quantités. Justement de ces grandes quantités de munitions dont on a besoin pour soutenir une guerre qui doit durer. C'est criminel, délibéré, ciblé, signé.
Avec l'odieux chantage sur un pays économiquement et financièrement aux abois: «Si vous n'attaquez pas, on vous coupe les vivres», et c'est la population qui en souffrira. Comme ils ont su faire souffrir le peuple irakien, interdit de vendre ses hydrocarbures, ce qui aurait permis de ne pas laisser mourir de faim, de manque de médicaments et d'eau potable, des centaines de milliers d'enfants. Comme en ce moment les maigres avoirs du peuple afghan sont gelés du fait américain à l'extérieur du pays alors que la population connaît la famine. Crimes contre l'humanité à mettre au même rang que la Shoah.
Les Américains ont promis aux Ukrainiens qu'ils récupéreront, non seulement, le Donbass, mais aussi la Crimée. Promesses irresponsables.
L'attaque du Donbass entraînera immédiatement la réaction de Moscou qui tentera de s'y opposer militairement, en intervenant sur un territoire, officiellement, encore ukrainien. L' «agression», clairement contraire aux dispositions de la charte des Nations unies, sera caractérisée. Les Américains s'estimeront en droit de «punir la Russie». Bien que personne ne leur ait jamais conféré ce «droit de punir», mais ils le prendront.
Ils n'attaqueront pas militairement la Russie. Ils ne le peuvent pas, on l'a vu ci-dessus, ni à l'arme atomique, pour cause de riposte russe probable, ni par armes classiques, ne voulant perdre aucun soldat. Mais, ils ont la capacité de nuire à ce pays pratiquement autant que s'il l'avait militairement attaqué. C'est ce qu'on pourrait appeler un «Barbarossa financier». Tout est en place. Tout a été annoncé. Tout peut être déclenché du jour au lendemain.
Tous les avoirs russes, que ce soient les avoirs d’Etat, des entreprises ou des particuliers, en dépôt dans les banques anglo-saxonnes, seront gelés, confisqués. Il faut s'attendre aussi à ce que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne fassent pression sur tous les pays du monde pour qu’eux-aussi gèlent aussi les avoirs russes, notamment par les établissements bancaires où les anglo-saxons ont des intérêts ou des participations, et où ils sont en mesure de dicter leurs volontés.
Tout commerce avec la Russie sera interdit. Le blocus sera total. Biden a d'ores et déjà averti que «North Stream 2 aurait cessé d'exister». Il ne précise pas si ce serait avec ou sans bombardement. Les Allemands n'ont pas réagi à ce jour.
La Russie sera débranchée du système de paiements et de compensations financières international et planétaire, mais contrôlé par les anglo-saxons, SWIFT.
Bref, ce sera l'asphyxie financière pour la Russie. Tous les pays du monde recevront toutes sortes de pressions, sous peine de sanctions, s'ils ne s'y plient pas, pour contribuer à cette asphyxie. Il n'y a guère que la Chine et quelques pays qui se comptent sur les doigts de la main qui seront en mesure de résister.
Pour la Russie, cela risque d'être terrible. Eux, aussi, ont besoin des ressources de leurs exportations pour vivre, simplement se nourrir. Ils paieront cher d'avoir voulu s'affranchir du dollar-roi. Ce qui était pourtant leur droit le plus strict. La Russie sera assommée, durablement et profondément assommée, espèrent les Américains, de quoi dissuader quelques autres pays d'en faire autant, en particulier les pays d'Asie, ce qui est le but de l'opération.
Pour eux, la Russie n'est plus qu'un «petit pays de moins de cent cinquante millions d'habitants» au sort duquel ils sont indifférents. C'est probablement là une grave erreur. Ils ont oublié l'Histoire, et en particulier que la Russie a survécu…à Barbarossa d'Hitler.
Accessoirement, si on peut parler ainsi, les dégâts collatéraux dans le monde seront considérables. Nous sommes en tant qu'Européens parmi les premiers concernés. Mais, de celà la puissante et égoïste Amérique se moque éperdument. Elle veut avant tout et à quelque prix que ce soit pour la terre entière sauver son dollar. La Grande-Bretagne a pris ses précautions en quittant le navire européen en temps utile.
Heureusement le pire n'est jamais sûr. D'abord, de toute évidence, tout nationaliste au regard un peu court qu''il soit, Zelensky le leader ukrainien hésite. Il n'apprécie pas la campagne de désinformation américaine selon laquelle la Russie aurait l'intention d'attaquer, non pas dans le seul Donbass, mais l'Ukraine en totalité. Cela agace tout autant le haut commandement militaire allemand qui d'habitude ne fait jamais parler de lui indépendamment des instances politiques du pays, mais qui tousse en la circonstance, car il sait que c'est de la désinformation.
Zelensky sait que s'il attaque le Donbass dans la perspective de le ramener sous l'autorité de Kiev, même s'il est plus que soutenu militairement par les anglo-saxons, il n'est pas sûr de vaincre l'armée russe prépositionnée pour contenir cette attaque. Armée bien équipée, entraînée, dimensionnée à ce qui est nécessaire, motivée, sans doute plus que ses propres troupes dans la perspective d'une telle confrontation.
L'armée ukrainienne, certainement, est prête moralement à s'opposer à une éventuelle attaque russe de l'Ukraine toute entière, puisque la propagande lui dit que cela va se produire. Aller déloger manu-militari les miliciens du Donbass, ce serait une autre affaire, en tous cas beaucoup plus risquée. Il sait à quoi s'en tenir sur la menace brandie du «Barbarossa financier» à l'égard de la Russie. Celle-ci ne cèdera pas au chantage implicite contenu dans cette menace.
D'ailleurs, l'ambassadeur russe en Suède [Viktor Tatarintsev] vient de le rappeler opportunément au cas où certains auraient pu avoir des doutes. Si Zelensky attaque, Poutine répliquera en faisant franchir la frontière par ses troupes, sans état d'âme, pour soutenir les miliciens. Il n'y a pas de doute à avoir à cet égard. C'est bien pourquoi, justement, Zelensky n'attaquera peut-être (sans doute?) pas. Il aurait beaucoup plus à perdre dans cette folle aventure qu'à y gagner. Ce sera alors l'échec du diabolique et cynique plan anglo-saxon.
Les Américains vont-ils alors renoncer à «punir» la Russie? Malheureusement non. Et là, il faut s'attendre au pire. Le «Barbarossa financier», ils le déclencheront de toute manière, car dans leur logique impérialiste, ils n'ont pas le choix, avec ou sans le prétexte de la violation de la frontière ukrainienne par la Russie, qu'ils auront échoué à provoquer. Le prétexte n'ayant pas marché, ce sera sans. Ils n'en auront besoin d'aucun autre de plus, d'aucun mensonge supplémentaire, même s'ils ne se priveront pas d'en répandre comme ils savent le faire. Poutine, Lavrov [le ministre russe des Affaires étrangères] et Choïgou [le ministre russe de la Défense] s'y attendent, et s'en inquiètent à juste titre. Le président Macron, dont on ne peut que saluer les efforts méritoires et sans doute sincères en vue de désamorcer la situation actuelle, est en réalité à côté du problème, dont il ne voit pas les termes profonds. Le ministre Le Drian, manifestement, non plus. Leurs démarches et objurgations n'ont aucune chance d'aboutir à quoi que ce soit.
Avis de tempête, donc. Attention au réveil de la Russie.
Et si le fantôme de Lénine rodait toujours? Lui, dont le mausolée honore toujours la place Rouge et du haut duquel le pouvoir russe apprécie chaque année son appareil militaire quand il défile, comme avant. Trente navires de guerre de la flotte russe de la mer Noire sont en ce moment à la mer pour faire face aux menaçants navires de l'Otan. Dans sa chambre au-dessus de son bureau chaque commandant a conservé, comme avant, les œuvres de Lénine. Où il est écrit, entre autres: «Pour détruire le régime bourgeois, il suffit de corrompre sa monnaie». Le dollar, avez-vous dit? Les Russes n'ont pas eu besoin de le corrompre. L'Amérique l'a fait toute seule. On y est.
Yves Maillard, Capitaine de Vaisseau (H), ancien attaché naval en URSS, puis en Russie
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