La décision de Vladimir Poutine de reconnaître l'indépendance des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk a suscité une condamnation immédiate de la part des dirigeants occidentaux qui ont menacé la Russie de sanctions sévères.
Ursula von der Leyen a déclaré: «La reconnaissance des deux territoires séparatistes en Ukraine est une violation flagrante du droit international, de l'intégrité territoriale de l'Ukraine et des accords de Minsk». Ce 22 février la présidente de la Commission européenne a publié: «L'agression de la Russie contre l'Ukraine est illégale et inacceptable. L'Union reste unie dans son soutien à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Un premier paquet de sanctions sera officiellement déposé aujourd'hui».
Le président du Conseil de l'Europe, Charles Michel, a aussi une minute avant von der Leyen fait paraître sur son compte Twitter exactement le même message en y attachant la «déclaration des présidents du Conseil européen et de la Commission européenne sur l'agression russe contre l'Ukraine».
Les deux présidents, qui n'ont jamais été élus par les peuples de l'UE, clament qu'il est question d'une violation flagrante du droit international, ainsi que des accords de Minsk. Ainsi, ils affirment, que l'UE répondra par des sanctions contre les participants à cet acte illégal, signalant que l'UE réitère son soutien indéfectible à l'indépendance, à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine à l'intérieur de ses frontières internationalement reconnues».
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a condamné cette reconnaissance: «Je condamne la reconnaissance par la Russie de Donetsk et Lougansk en Ukraine. Cela sape les efforts pour résoudre le conflit et viole les accords de Minsk. L'Otan soutient la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Nous exhortons Moscou à cesser d'alimenter les conflits et à choisir la diplomatie».
La Maison Blanche a déclaré: «Nous anticipons depuis longtemps que la Russie pourrait prendre cette mesure et, comme vous l'avez vu, nous étions prêts à réagir immédiatement»; «Le président Biden a publié aujourd'hui un décret qui interdira tout nouvel investissement, commerce et financement par des personnes américaines vers, depuis ou dans les régions dites DNR et LNR. Ce décret donnera également le pouvoir d'imposer des sanctions à toute personne déterminée à opérer dans ces régions de l'Ukraine»; «Nous prendrons de nouvelles mesures demain [ce 22 février 2022] pour tenir la Russie responsable de cette violation flagrante du droit international et de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ainsi que des propres engagements internationaux de la Russie».
Le secrétaire d'Etat américain, Anthony Blinken, a indiqué sur son compte Twitter: «La reconnaissance par le Kremlin des soi-disant ''Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk» comme ''indépendantes'' nécessite une réponse rapide et ferme, et nous prendrons les mesures appropriées en coordination avec nos partenaires». «La décision de la Russie de reconnaître «l'indépendance» des soi-disant républiques contrôlées par ses propres mandataires est un acte prévisible et honteux. Nous les condamnons dans les termes les plus forts et [nous restons auprès de l'Ukraine, comme je l'ai dit au ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba ce soir».
Anthony Blinken a également critiqué, selon France 24, la reconnaissance par la Russie des zones séparatistes comme un signe que Vladimir Poutine n'avait aucun intérêt pour la diplomatie, rajoutant dans un communiqué que la reconnaissance de l'indépendance des territoires «contredit directement l'engagement affirmé de la Russie envers la diplomatie et constitue une attaque claire contre la souveraineté de l'Ukraine».
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a qualifié la décision de la Fédération de Russie de violation manifeste de la souveraineté et de l'intégrité de l'Ukraine, de rejet du processus de Minsk: «Vladimir Poutine a violé la souveraineté ukrainienne et le droit international. Nous instituerons immédiatement un ensemble de sanctions ciblant les intérêts économiques russes. Il est absolument vital que la conquête d'un pays européen ne réussisse pas et que Poutine échoue».
«J'ai chargé le sous-secrétaire permanent de convoquer l'ambassadeur de Russie pour expliquer la violation par la Russie du droit international et le mépris de la souveraineté de l'Ukraine», a annoncé la chef du Foreign Office, Liz Truss. Qualifiant de forte réponse la décision du chancelier allemand, Olaf Scholz, de «suspendre Nord Stream2», elle affirme: «Nous devons tenir la Russie responsable de ses actions qui entraîneront des coûts importants. L'Europe doit réduire sa dépendance au gaz russe».
Le président français Emmanuel Macron a également exigé des «sanctions européennes ciblées» contre la Russie: «En reconnaissant les régions séparatistes de l'est de l'Ukraine, la Russie viole ses engagements et porte atteinte à la souveraineté de l'Ukraine. Je condamne cette décision». En outre, il a exigé la convocation urgente du Conseil de sécurité de l'Onu: « J’ai demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies et des sanctions européennes».
Le Conseil de sécurité s'est réuni en urgence. La secrétaire générale adjointe de l'Onu, Rosemary DiCarlo, a rajouté: «Nous restons pleinement attachés à la souveraineté, à l'indépendance et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, à l'intérieur de ses frontières internationalement reconnues, conformément aux résolutions de l'Assemblée générale». Elle a aussi averti: «Le risque de conflit majeur est réel et doit être évité à tout prix».
L'ambassadrice des Etats-Unis à l'Onu, Linda Thomas-Greenfield, a martelé que «l'attaque manifeste de la Russie contre la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine n'a pas été provoquée. C'est une attaque contre le statut de l'Ukraine en tant qu'Etat membre de l'Onu, cela viole un principe fondamental du droit international et cela défie notre Charte. De plus, cette décision du président Poutine est clairement à la base de la tentative de la Russie de créer un prétexte pour une nouvelle invasion de l'Ukraine. Les conséquences de cette action se feront sentir bien au-delà des frontières ukrainiennes».
Jugeant cette décision russe de «honteuse», elle a déclaré que les Etats-Unis annonceraient ce 22 février de nouvelles sanctions contre la Russie après que Moscou a reconnu deux régions séparatistes d'Ukraine comme indépendantes et y a envoyé des forces de «maintien de la paix».
A son tour, le représentant permanent de la Russie auprès de l'Onu, Vassili Nebenzia, au cours d'une réunion du Conseil de sécurité, a appelé ses collègues à «réfléchir, mettre de côté les émotions» et à ne pas aggraver la situation.
«Nous restons toujours ouverts à la diplomatie, à un règlement diplomatique, mais nous n'avons aucune envie d'accepter un nouveau bain de sang dans le Donbass», a-t-il dit.
Pour l'Occident, il existe trois options pour imposer des sanctions contre la Russie. Le premier est le renforcement du régime des sanctions, en vigueur depuis 2014, sous la forme de l'ajout de nouveaux secteurs, entreprises et personnalités aux listes noires déjà existantes, jusqu'à l'inscription du président Vladimir Poutine sur celle-ci. Il est, également, possible de bloquer l'accès aux comptes étrangers des fonctionnaires et des oligarques russes.
La deuxième option est l'introduction de nouvelles sanctions selon le scénario le plus sévère. Cela fait référence à la déconnexion de la Russie du système SWIFT, à une éventuelle interdiction des transactions en dollars et au commerce de la dette publique. En fait, c'est la transformation de l'économie russe sous la forme actuelle de l'économie iranienne.
Une troisième option est également possible? C'est l'option du milieu qui comprend des éléments du premier et du deuxième scénario. Après tout, il n'y a pas de consensus au sein de l'UE sur ce qui devrait conduire exactement à des sanctions, et la reconnaissance de la RPD et de la RPL ne figurait pas auparavant parmi les raisons possibles de leur introduction.
Philippe Rosenthal
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs