22.03.2022
L'expérience historique de la Suède et de l'Autriche permet de comprendre dans quel sens les négociations russo-ukrainiennes pourraient évoluer.
Le porte-parole du président russe Dmitri Peskov a récemment déclaré que "la démilitarisation de l'Ukraine selon la version autrichienne ou suédoise était évoquée aux négociations entre les délégations de Moscou et de Kiev et pourrait être considérée comme un compromis". Plus tôt, des représentants ukrainiens exprimaient un avis similaire, mais ensuite il a été annoncé que Kiev n'avait pas l'intention de copier l'expérience des autres et qu'il proposerait sa propre version de neutralité, ukrainienne.
Par ailleurs, la familiarisation avec l'expérience de la Suède et de l'Autriche dans les termes généraux permettrait de comprendre la direction dans laquelle vont les recherches de compromis aux négociations actuelles.
La Suède est un pays neutre depuis plus de deux cents ans. La dernière fois elle a été en guerre contre la Norvège en 1814. Ce qui ne lui empêche pas aujourd'hui d'avoir une industrie militaire impressionnante, des forces armées nationales et participer aux opérations de maintien de la paix sous l'égide de l'ONU.
Après la Seconde Guerre mondiale, l'Autriche a subi la dénazification et des forces alliées d'occupation antihitlériennes se trouvaient sur son territoire pendant dix ans. Afin d'éviter la division du pays tel que c'est arrivé à l'Allemagne, l'Autriche a adopté une loi sur la neutralité permanente, ce qui a satisfait tous les alliés qui ont retiré leurs troupes.
Malgré le statut de neutralité (les deux pays n'ont jamais été membre de l'Otan), un service militaire général existe en Suède et en Autriche, sachant que dans la première il concerne même les femmes. Dans les deux États les forces armées sont réparties en armée de terre et armée de l'air. La Suède dispose d'une flotte navale, qui inclut des corvettes, des vedettes de débarquement, des dragueurs de mines et même une flottille de sous-marins. Pendant la guerre froide, la Suède neutre avait même commencé à mener son propre programme nucléaire, mais y a renoncé à cause du coût élevé et de la détente internationale.
Cependant, il existe une différence de taille entre les neutralités suédoise et autrichienne.
La Suède a choisi ce type de politique extérieure et de défense elle-même, suite à un consensus politique intérieur. La neutralité de Stockholm prévoit une politique nationale de défense assez active. Autrement dit, cela n'empêche pas la Suède, qui respecte la neutralité depuis deux cents ans, de disposer d'une assez puissante industrie militaire et des forces armées plutôt bonnes. Sachant que ce pays projette sa force par le biais d'opérations de maintien de la paix de l'ONU.
Quant à l'Autriche, son statut international actuel a été apporté de l'extérieur découlant du traité de 1955, quand les forces de la coalition antihitlérienne ont quitté Vienne en échange de ses garanties de neutralité. Contrairement à l'exemple précédent, l'armée autrichienne ne se distingue pas par une force particulière. Il y existe également des corporations militaires, mais elles sont incomparables aux suédoises. La version autrichienne de neutralité, contrairement à la suédoise, laisse au pays moins d'identité.
En ce qui concerne les versions par rapport à l'Ukraine, du point de vue de ses intérêts et des exigences actuelles de sa société, l'option suédoise purement en termes d'image paraît plus attrayante.
La déclaration concernant la disposition à considérer les versions suédoise et autrichienne de neutralité comme viables témoigne d'un progrès aux négociations. Cependant, dans le bruit médiatique actuel il est assez difficile de comprendre comment chaque partie imagine la possibilité de succès même à moyen terme.
L'information obtenue à partir de sources ouvertes
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