28.03.2022
La Turquie aspire à devenir une puissance spatiale. Grâce à la coopération et au début des essais des éléments de sa future fusée, l'Agence spatiale turque (TUA) compte sérieusement s'affirmer dans le secteur des technologies spatiales. Néanmoins, la rivalité dans le domaine des élaborations spatiales est assez dense: les nouvelles puissances spatiales telles que les Émirats arabes unis, l'Australie, qui a relancé son programme spatial, et la Nouvelle-Zélande, disposant d'un cosmodrome et d'une compagnie spatiale, feront concurrence à la Turquie en termes de conquête spatiale, sans parler des pays comme la Russie, les États-Unis et la Chine.
En février 2021, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé un plan de dix ans pour le développement du programme national spatial turc. Le 11 avril déjà, le ministre turc de l'Industrie et des Technologies Mustafa Varank a annoncé les essais réussis d'un moteur hybride pour la fusée qui enverra un cosmonaute turc sur la Lune. Et le 20 octobre, la TUA a publié un plan quinquennal (2022-2026) pour la réalisation de la première étape de son programme - le lancement d'un appareil inhabité sur la Lune. Malgré ces plans ambitieux du programme spatial, certains analystes sont assez sceptiques. Pourquoi faut-il tout de même prendre cette initiative au sérieux?
Le 9 février 2021, le président Erdogan a annoncé le projet de conception d'un vaisseau spatial qui amènera un cosmonaute turc sur la Lune. Le premier objectif du programme spatial turc consiste à envoyer un vaisseau inhabité pour atterrir sur la Lune, il est prévu pour 2023 déjà. Selon le dirigeant turc, cela permettra à la Turquie de devenir le pays qui "a lancé un vaisseau spatial vers la Lune".
Le discours de Recep Erdogan pourrait être attribué à sa rhétorique populiste habituelle. Néanmoins, les premières démarches actives pour réaliser le projet en question ont commencé presque immédiatement après son allocution. Ainsi, en avril 2021 déjà ont été organisés les essais d'un moteur de fusée qui sera utilisé pour la mission lunaire. Et le 25 octobre 2021, l'Agence spatiale turque a reçu l'accréditation du membre de la Fédération internationale d'astronautique. Cet événement non seulement confirme le sérieux des intentions d'Ankara pour la conquête spatiale, mais également démontre ses capacités de réaliser les idées dans la pratique. Le plan stratégique publié le 20 octobre 2021 par l'Agence spatiale turque confirme la volonté de la Turquie de développer son programme spatial.
Il ne s'agit pas de la première tentative d'Ankara de s'affirmer dans l'espace extra-atmosphérique. Entre 2003 et 2015, la Turquie a lancé sept satellites en orbite circumterrestre, et le premier document consacré à l'importance de développer l'espace turc a été publié en 1993. Ainsi, cela fait presque 30 ans que ce pays regarde dans l'espace avec des projets de développement de son propre programme spatial.
Malgré tout son envergure et ambition, le programme spatial turc prévoit une coopération internationale, notamment avec la Russie. Le ministre turc de l'Industrie et des Technologies Mustafa Varank, qui supervise l'Agence spatiale turque, et le chef de cette dernière Serdar Huseyin Yildirim ont proposé à l'agence spatiale russe Roscosmos de coopérer.
Cependant, de tels contacts n'ont pas eu lieu uniquement avec Roscosmos. En janvier 2021, Elon Musk s'est entretenu par téléphone avec le dirigeant turc pour évoquer la coopération avec les entreprises turques dans la conquête spatiale. Cela pourrait indiquer que la Turquie a l'intention d'utiliser à la fois les élaborations russes et américaines dans son programme spatial. À noter également les contacts de la Turquie avec l'Agence d'exploration aérospatiale japonaise (JAXA). Le 27 octobre 2021 un accord de coopération dans la conquête spatiale pacifique a été signé avec les collègues japonais.
La coopération ne concerne pas seulement les pays lointains, mais également les voisins du Moyen-Orient. Ainsi, en janvier 2022, l'entreprise semi-publique Turkish Aerospace (Türk Havacılık ve Uzay Sanayii) a signé un contrat avec la Commission pakistanaise de recherche sur l'espace et la haute atmosphère (Suparco) pour la fabrication de plusieurs satellites et "sur d'autres questions spatiales".
De cette manière, la Turquie ne peut pas être ignorée en tant que futur acteur spatial: l'élaboration et la conception d'appareils militaires modernes témoignent de son potentiel technique, c'est pourquoi la réalisation du programme spatial turc n'est qu'une question de temps.
Alexandre Lemoine
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