17.05.2022
Le nombre de citoyens américains achetant les passeports d'autres pays a triplé en un an. Il s'agit principalement des Américains aisés qui demandent la citoyenneté et un titre de séjour à l'étranger.
Selon un nouveau rapport, des milliardaires, des entrepreneurs et des célébrités américains préparent rapidement un "plan B" pour eux et leurs familles.
La plupart des "fugitifs" craignent une instabilité politique grandissante, ayant conscience qu'en cas d'émeutes de rue et d'effondrement du secteur social ils seront les premiers visés par la rue révoltée.
Plus de dix pays proposent des passeports dorés et des visas qui permettent aux étrangers fortunés d'obtenir la citoyenneté ou un titre de séjour en échange des investissements dans le pays. Selon Forbes, les programmes les plus coûteux valent entre 1,1 million de dollars à Malte et 9,5 millions de dollars en Autriche.
Le passeport américain "se trouve depuis longtemps en déclin, passant en cinq ans de la première à la septième place dans le dernier indice des passeports Henley, le classement des passeports les plus influents dans le monde", écrit Forbes. Alors que la pandémie, la hausse de la tension sociale aux États-Unis et la crise économique mondiale "ont conduit à un exode encore plus impressionnant".
Les analystes de Henley notent qu'aujourd'hui l'industrie de la vente de la deuxième ou troisième citoyenneté est régie par quatre C: "Covid-19, climat, cryptomonnaie et conflit (social)."
L'émigration des États-Unis est montée en flèche en 2020 déjà, quand le pays a été frappé par une vague de confinements, atteignant 237%. Les désireux de fuir le pays étaient bien plus nombreux, mais les services migratoires, qui ne s'attendaient pas à un tel afflux d'émigrants, n'arrivaient pas à assurer la délivrance d'autorisations en temps utile.
L'émigration des États-Unis coûte cher: ces trois dernières années, le coût de la procédure de sortie de la citoyenneté américaine a presque quadruplé, passant à 2.350 dollars. C'est pourquoi de nombreux Américains fuient les États-Unis sans renoncer à la citoyenneté, ils sont plus de 9 millions, et le nombre de tels "fugitifs" a doublé en dix ans.
Un nouveau cycle électoral approche aux États-Unis, il risque d'aggraver les émeutes sur fond de phénomènes de crise économique. À la veille de la dernière présidentielle, les Américains aisés partaient en Amérique latine, "fuyant la "pandémie", les troubles sociaux et la flambée des crimes violents".
Selon le département américain de l'Intérieur, à deux jours de l'élection de 2016, le nombre d'Américains ayant visité le site du département pour connaître la procédure d'obtention de la citoyenneté néo-zélandaise a été multiplié par quatorze par rapport au mois précédent.
Plusieurs Américains fortunés fuient en Europe, le pays le plus attractif pour eux étant le Portugal. Un titre de séjour de cinq ans du Portugal, qui permet d'entrer sans visa dans 26 pays de l'Union européenne, est le programme le plus sollicité. Ezzedeen Soleiman, partenaire gérant de la compagnie Latitude Residency & Citizenship, explique que "les Américains extrêmement riches veulent prendre racine en Europe pour leurs enfants et petits-enfants. Beaucoup d'entre eux sont déçus par ce qui se passe et ne voient pas les opportunités qu'ils voyaient autrefois aux États-Unis".
Les milliardaires américains partent principalement en Nouvelle-Zélande en y achetant des terrains. "Les milliardaires de la Silicon Valley se préparent à fuir l'apocalypse globale en Nouvelle-Zélande", écrit The Guardian. Ainsi, Peter Thiel, milliardaire, l'un des fondateurs de PayPal et l'un des premiers investisseurs de Facebook, a obtenu la citoyenneté néo-zélandaise et y a acheté un immense terrain "de la taille de Lower Manhattan, se trouvant un bastion pour s'y retirer en cas d'un effondrement total de la civilisation" aux États-Unis.
Sam Altman, l'un des entrepreneurs les plus influents de la Silicon Valley, a annoncé au magazine New Yorker qu'il avait passé un accord avec Peter Thiel qu'en cas de catastrophe (un virus synthétique, une intelligence artificielle déchaînée, une guerre pour des ressources entre les États nucléaires, etc.) ils embarqueraient tous les deux dans un avion privé pour se rendre dans la propriété de Peter Thiel en Nouvelle-Zélande. "Leur plan consiste à attendre [en Nouvelle-Zélande] que l'effondrement de la civilisation se passe avant de revenir [aux États-Unis] afin d'investir dans le financement, par exemple, du marché de la nourriture à base d'insectes pour les survivants", écrit The Guardian.
Le milliardaire Reid Hoffman, fondateur du réseau LinkedIn, ancien collègue de Peter Thiel chez PayPal, parle également de la Nouvelle-Zélande comme du "refuge favori en cas de cataclysme". Parmi les Américains aisés qui comptent déménager en Nouvelle-Zélande se trouvent également le directeur général de Reddit Steve Huffman, l'ancien directeur général de Reddit Yishan Wong et l'ancien directeur exécutif de Yahoo Marvin Liao.
Reaz Jafri, directeur général de Dasein Advisors, a déclaré à Forbes que depuis trois ans il avait reçu plus de demandes de citoyenneté de la part des Américains que depuis les vingt précédentes années réunies. D'après lui, ses clients américains sont tous unis par la crainte quant à l'avenir de la société américaine.
Alexandre Lemoine
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