27.06.2022
La création d'une nouvelle communauté politique européenne sera accompagnée d'une crise énergétique et d'une retraite forcée sur le front écologique.
La France présidait l'Union européenne au premier semestre de l'année. Après l'établissement du poste de Haut-commissaire de l'UE, le rôle de l'institution de la présidence s'est nettement réduit. Néanmoins, le pays qui occupe ce poste par rotation est capable d'influencer significativement la politique de l'UE. D'autant que la présidence française a été entravée par le conflit en Ukraine.
Cependant, après la présidentielle et l'investiture, le président Emmanuel Macron a eu le temps de proposer à l'UE un nouveau vaste programme de création d'une nouvelle union sur le continent - Communauté politique européenne. Cette décision a été ensuite approuvée par le Conseil de l'UE, c'est-à-dire le sommet des dirigeants de tous les pays de l'UE.
Ce projet ambitieux sera réalisé cette fois sous la présidence tchèque, qui succédera à la France à la présidence de l'UE. Certains ont pensé qu'il s'agissait seulement de créer une sorte de Partenariat oriental pour y inclure de nouveaux candidats à l'UE lesquels les Français ne s'empressent pas d'accepter. Il est notamment question de l'Ukraine, de la Moldavie et de la Géorgie, avec, peut-être, quelques pays des Balkans.
Mais en réalité l'idée d'Emmanuel Macron est bien plus large. Ce n'est pas une "union des rejetés", mais un centre de coordination pour tous les pays amis de l'UE. L'interaction se déroulera sous la forme de rencontres régulières au niveau des dirigeants, qui créeront un espace pour des discussions politiques et contribueront à l'entente et à l'élaboration d'une stratégie commune.
Il s'agira d'une sorte de Conseil de l'Europe, mais sans la Russie et la Turquie, par exemple. En revanche, on espère y inclure le Royaume-Uni, qui a récemment quitté l'UE.
La présidence tchèque fera également face à la tâche très complexe de régulation des prix du gaz et de l'électricité en Europe. Ils ont entamé une forte hausse en 2021 et depuis se maintiennent à des niveaux inimaginables il y a encore deux ans. À tel point qu'aujourd'hui, malgré l'agenda vert, le chef de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) Fatih Birol suggère à l'UE de rouvrir temporairement des centrales au charbon et maintenir en état opérationnel toutes les centrales nucléaires.
Le responsable prédit également que la Russie pourrait complètement couper le gaz aux Européens cet hiver. Moscou nie d'avoir de telles intentions et le moindre lien entre la politique et la livraison d'hydrocarbures. De plus, le Qatar, le plus grand fournisseur de gaz naturel liquéfié (GNL), a exigé de l'UE de signer des contrats à long terme avec des prix durs, si les Européens veulent que les livraisons soient stables. Mais l'Europe ne voudrait pas avoir de tels engagements espérant renoncer aux combustibles fossiles dans un avenir prévisible.
Bien que le programme de la présidence tchèque à l'UE ne le prévoit pas directement, Prague devra sérieusement se pencher sur le problème énergétique. Cette question pourrait même devenir primordiale, car elle concerne directement la majorité absolue des habitants de l'UE.
À l'heure actuelle, tous les pays européens (chacun de son côté) cherchent une solution pour lutter contre la flambée des prix de l'essence. La République tchèque, par exemple, a décidé de subventionner les particuliers et les entreprises avec l'argent du budget ainsi que d'annuler la "taxe verte" qui servait à créer des sources d'énergie renouvelables.
D'ailleurs, c'est un autre problème central à présent: qu'en sera-t-il des engagements de réduire les émissions de CO2 pris par l'UE en tant que l'un des plus grands pollueurs du monde. Il reste encore à évaluer tous les coûts écologiques suite au renoncement au gaz et à la remise en service de centrales nucléaires et à charbon fermées.
La plupart des pays de l'UE n'ont pas de plan précis pour savoir comment régler tous ces problèmes, mais les États les plus riches, comme les Pays-Bas, ont déjà accepté de facto de "battre en retraite écologique". C'est sous ce signe que devrait se dérouler la présidence tchèque.
Alexandre Lemoine
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