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Des armes iraniennes saisies pour armer l'Ukraine

17.02.2023 

La disposition des militaires américains à envoyer à l'Ukraine des armes iraniennes saisies ces derniers mois au large du Yémen suscite des questions pour savoir quelles autres saisies dans les zones de conflit au Moyen-Orient et en Afrique du Nord pourraient être jugées acceptables à livrer. Les experts admettent que les pays occidentaux puissent utiliser également le fret militaire illégal à destination de la Libye par la mer. Le Pentagone ne cache pas sa volonté de maintenir le rythme d'interception des armes. 

Ce sont des sources du Wall Street Journal (WSJ) qui ont rapporté que les États-Unis songeaient à envoyer en Ukraine les armes destinées aux rebelles yéménites. Il s'agit de chargements interceptés ces derniers mois au large de la péninsule arabique comprenant des fusils d'assaut, des cartouches et des missiles antichars. 

"C'est un signal, prendre des armes envoyées aux intermédiaires iraniens et les utiliser pour atteindre nos priorités en Ukraine", déclare un interlocuteur du journal. Comme le notent des officiels, cela entraînera non seulement un important précédent de don, mais deviendra également un "tir de sommation" pour l'Iran, dont l'industrie militaire est surveillée de près par l'Occident depuis février 2022. 

Washington discute sérieusement de cette idée depuis fin 2022, lorsque la marine américaine a intercepté un bateau de pêche avec des munitions se rendant d'Iran au Yémen. Plusieurs semaines plus tard, les Américains ont intercepté un autre chargement dans le golfe d'Oman. Mi-janvier, la marine française a réussi à intercepter une nouvelle livraison d'armes à feu. Tous ces navires étaient destinés au mouvement des Houthis Ansar Allah, qui se bat contre le gouvernement yéménite central soutenu par des États arabiques. L'approvisionnement des Houthis fait l'objet d'un embargo international, ce qui force Téhéran à éviter les itinéraires de transit directs en recourant aux services d'intermédiaires. 

Au centre des efforts pour identifier le transit maritime se trouve le 59e groupe opérationnel de la 5e flotte américaine. Dans un récent article du Washington Post, les experts du Centre de la nouvelle sécurité américaine notent que l'activité de cette unité "pour contenir l'Iran a laissé le Commandement central avec d'immenses réserves" de biens confisqués. "Ce sont des armes inspectées et protocolées par l'ONU comme une preuve de la violation par l'Iran de la résolution 2624 du Conseil de sécurité qui sont déployées sur des sites militaires américains à travers la région, rappellent les auteurs. Bien que les armes saisies aux Iraniens ne satisfassent par tous les besoins de l'armée ukrainienne, cela pourrait apporter une certaine aide." 

Washington ne s'empresse pas d'exprimer officiellement ses intentions. En répondant lors d'une récente conférence de presse à la question de savoir si les États-Unis utiliseraient comme source d'aide militaire à l'Ukraine les anciens arsenaux ou les réserves des chargements confisqués dans leurs bases au Moyen-Orient, l'adjointe du conseiller du chef du Pentagone Dana Stroul a demandé de ne pas anticiper les évènements. "Le plus important de ce que nous faisons, c'est le travail avec nos partenaires pour maintenir un rythme vraiment impressionnant d'interception des armes, le travail via des forces opérationnels alliées", a-t-elle souligné.  

Des tentatives d'impliquer le monde arabe dans des dons d'armes avaient déjà eu lieu. En janvier, des médias régionaux ont rapporté que l'Ukraine avait reçu du Maroc des chars T-72B modernisés par la compagnie Excalibur Army en République tchèque. Selon ces informations, cette décision a été prise par les autorités du royaume pendant les pourparlers d'avril 2022 à la base aérienne de Ramstein en Allemagne. Les blindés, souligne la presse algérienne, ont été achetés par les Marocains à la Biélorussie il y a une vingtaine d'années. 

De son côté, la Russie suppose que tout armement envoyé à Kiev se retrouve en partie au Moyen-Orient. Ainsi, en juillet 2022, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a affirmé qu'une partie des armes étrangères livrées par l'Occident à l'Ukraine se répandait à travers le Moyen-Orient et se retrouvait également sur le marché noir. 

Les États-Unis et les pays de l'UE pourraient tout à fait songer à transférer à l'Ukraine les armes envoyées en Libye. Les belligérants du conflit libyen continuent de faire l'objet d'un embargo de l'ONU, et des navires européens patrouillent au large du pays pour intercepter les livraisons militaires. 

Dans le même temps, le diapason de recherche des donateurs extérieurs peut s'avérer plus large qu'à première vue. Les États-Unis avec leurs alliés et leurs renseignements à la recherche d'armements et notamment de munitions pour l'Ukraine travaillent activement avec les pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. Ce qui ouvre la voie à une revente tacite des réserves actuelles d'armes soviétiques et russes de ces pays ainsi que des armements de fabrication iranienne, nord-coréenne et chinoise.

Alexandre Lemoine

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