11.04.2023
Le processus de l’affranchissement par la communauté internationale vis-à-vis du dollar suit son cours et atteint de plus en plus le stade pratique des choses. Et si du côté occidental et libéral – les analyses des événements tentent d’être rassurantes quant à l’avenir de la monnaie étasunienne à l’échelle internationale, du côté des grandes puissances non-occidentales et des pays du Sud global – l’heure est résolument à l’action et à la détermination.
La chose qui pouvait paraître presque impossible pour certains analystes, surtout occidentaux, il y a de cela quelques années – a bel et bien pris son envol, et avec assurance. Lorsque le processus de dédollarisation à l’international est observé aujourd’hui, il faut certainement comprendre qu’il était complètement inattendu, surtout au vu du rythme observé actuellement, ni par Washington, ni ses principaux suiveurs de l’espace occidental.
Cela est d’ailleurs peu surprenant. Le premier considérait que personne ne pourra toucher à sa domination mondiale, ni à l’hégémonie établie durant de longues années. Les suiveurs, notamment européistes, pensaient à tort se trouver dans le camp victorieux et par « essence » intouchable. Sauf que le monde dans sa globalité n’est pas, à la différence de l’Europe bruxelloise, un pseudo-jardin totalement endormi par des illusions du passé. Et complètement dépassé par les événements contemporains de l’ère multipolaire.
Pendant ce temps les chiffres et événements en rapport avec ledit processus parlent d’eux-mêmes : les accords en matière de dédollarisation des échanges réciproques et le passage vers l’utilisation des monnaies nationales concernées ne cessent de s’élargir. L’un des plus récents en dates étant d’ailleurs entre l’Inde et la Malaisie. Et cela faisant suite à d’autres accords entre Etats allant dans la même direction.
Notamment entre la Chine et la Russie (respectivement la première et la sixième économies mondiales en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat). Entre la Chine et le Brésil (respectivement première et huitième économies mondiales), la Chine et l’Arabie saoudite (première et 17ème), la Russie et l’Iran (sixième et 21ème). Dans le cas de l’Inde et de la Malaisie, cela concerne respectivement la troisième et la 31ème économies du monde.
Et cela en tenant compte que le processus en question ne fait réellement que commencer. Du côté occidental, les «spécialistes» d’obédience libérale tentent toujours de vouloir être rassurants quant à l’avenir du dollar à l’international, mais néanmoins se retrouvent obligés à reconnaitre qu’il faut se préparer à un monde monétaire multipolaire.
Pourtant et du côté des pays dits du Sud global, la constatation et l’analyse des faits est beaucoup plus réaliste et pleine d’espoir quant à l’avenir de la dédollarisation, cette dernière définie par l’utilisation à outrance de l’extraterritorialité du droit étasunien en qualité de levier juridique de coercition, créant de-facto un contrôle global sur l’ensemble des agents économiques utilisant la monnaie US. Et cette vision, notamment en Afrique, se ressemble bien souvent au Nord comme au Sud du continent, ainsi qu’à d’autres endroits à l’échelle continentale et internationale.
De manière générale et encore une fois l’extrême arrogance de Washington et de ses principaux suiveurs, de même que leur ferme conviction de pouvoir agir en toute impunité, y compris vis-à-vis des avoirs financiers étrangers ne leur appartenant pas, représentent les quelques aspects du processus désormais clairement enclenché aux quatre coins du monde. Le plus important maintenant est de maintenir la ferme motivation dans le cadre de ce processus au sein des nations non-occidentales. Fort visiblement – la motivation y est pleinement.
Mikhail Gamandiy-Egorov
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