16.05.2023
Le voyage de Volodymyr Zelensky en Europe occidentale est clairement lié à la prochaine réunion des dirigeants du G7 à Hiroshima du 19 au 21 mai. L'un des principaux sujets, qui y seront abordés, est celui des nouvelles sanctions contre la Russie avec le 11e nouveau paquet de sanctions. Il est prévu non seulement de les durcir, mais aussi d'appliquer une nouvelle approche basée sur le principe «ce qui n'est pas permis est interdit».
Le nouveau paquet de restrictions ou train de sanctions sera fondamentalement différent des précédents. L'Ukraine ne recevra pas d’avions de chasse F-16 britanniques, mais, à la place, des drones et des systèmes de défense aérienne de l’île lui seront transférés. C’est, ainsi que se résume la visite de Volodymyr Zelensky à Londres. Les demandes du président ukrainien consistant à imposer des sanctions à grande échelle contre l'énergie russe seront en partie prises en compte. Elles, à en juger par les fuites dans la presse, vont alimenter le 11è nouveau paquet de sanctions.
Volodymyr Zelensky est arrivé à Londres le 15 mai où il s'est entretenu avec le Premier ministre britannique, Rishi Sunak. Cela fait partie de la tournée européenne du président ukrainien: Italie, Allemagne, Paris et Londres. Volodymyr Zelensky n'a pas réussi à atteindre les principaux objectifs déclarés de son voyage: il n'a obtenu aucun détail concernant la date d'admission de son pays dans l’Otan et sur la création de ce que le président ukrainien appelle une coalition d’avions de chasse.
Au contraire, le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a une fois de plus rappelé la position partagée par la plupart des pays occidentaux. «Je comprends que le président Zelensky au sommet de l'Otan à Vilnius soulèvera les questions de l'adhésion de l'Ukraine et des garanties de sécurité pour l'Ukraine, ce sera parmi les priorités de l'ordre du jour. Cependant, pour l'instant, l'objectif principal de l'Otan devrait être de faire en sorte que l'Ukraine gagne, car c'est la seule façon d'avoir une discussion significative sur la future adhésion de l'Ukraine», a lancé Jens Stoltenberg à Kiev.
Observateur Continental note que «l’Otan se trouve dans une impasse. Elle ne peut pas pour le moment accorder l'adhésion à l'Ukraine car les pays de l'Otan ne sont pas prêts à déclarer la guerre à la Russie, mais en même temps ils ne sont pas prêts de dire ouvertement à l'Ukraine qu'ils ne le feront pas». Ainsi, les pays de l’Otan ont décidé de ne pas inviter l’Ukraine à devenir membre de l’Alliance atlantique lors du sommet de l’organisation en juillet à Vilnius. Bref, il ne peut être question de satisfaire la demande de Volodymyr Zelensky.
Lors du sommet de Copenhague sur la démocratie de ces 15 et 16 mai, Jens Stoltenberg a déclaré qu' «il serait logique de discuter du moment et de la manière dont l'Ukraine peut devenir membre de l'Otan» uniquement «si l'Ukraine gagne en tant qu'État indépendant souverain». Pas avant: «Ce n'est que si l'Ukraine l'emporte en tant que nation souveraine et indépendante en Europe qu'il y a un sens à discuter quand et comment l'Ukraine peut devenir membre de l'Alliance».
Volodymyr Zelensky n'a pas réussi à s’assurer la livraison en avions de chasse F-16. Leur utilisation au front permettrait à son armée d'utiliser plus facilement les missiles Storm Shadow de fabrication franco-britannique, récemment entrés en service dans l'armée ukrainienne. On sait que des pilotes ukrainiens sont déjà arrivés au Royaume-Uni pour maîtriser ces types d'avions.
Néanmoins, Volodymyr Zelensky et Rishi Sunak ne sont parvenus à aucun accord spécifique sur la livraison de F-16. Lors d'une réunion à la résidence de Chequers, le Premier ministre britannique a déclaré, selon The Guardian, que le Royaume-Uni serait prêt à aider à former des pilotes ukrainiens à utiliser des avions de chasse occidentaux «relativement bientôt», mais «ce n'est pas une chose simple». Le quotidien britannique a rapporté les propos d'un certain attaché de presse de Rishi Sunak qui a déclaré sans ambages que, selon ses informations, il n'était pas prévu de livrer des avions de chasse.
Cependant, un communiqué de presse du gouvernement britannique publié avant la visite de Volodymyr Zelensky a déclaré que la formation des pilotes ukrainiens irait «de pair» avec les efforts du Royaume-Uni pour livrer des F-16 à Kiev: «En février, le Premier ministre a annoncé que le Royaume-Uni développerait un nouveau programme de formation pour les pilotes ukrainiens afin de soutenir leurs efforts pour construire une nouvelle armée de l'air ukrainienne avec des avions de chasse F16 aux normes de l'Otan. Cet été, nous commencerons une phase de vol élémentaire pour des cohortes de pilotes ukrainiens afin d'apprendre la formation de base. Cela adaptera le programme utilisé par les pilotes britanniques pour fournir aux Ukrainiens des compétences de pilotage qu'ils pourront utiliser sur un autre type d'avion. Cette formation va de pair avec les efforts du Royaume-Uni pour travailler avec d'autres pays sur la livraison d'avions F16 - les avions de chasse de choix de l'Ukraine».
Le principal obstacle à la livraison de ces avions de chasse de fabrication américaine est de nature légale. L'accord de livraison de F-16 interdit leur réexportation. L'administration Biden, comme cela a été rapporté par les médias américains, s'efforce de changer cette condition, mais il n'y a pas encore de résultat. Tout n'est pas clair. Au lieu des avions de chasse, l'Ukraine va recevoir des centaines de nouveaux drones d'attaque à longue portée et des missiles de défense aérienne, comme cela a été indiqué dans le communiqué de presse du gouvernement britannique.
Enfin, le voyage de Volodymyr Zelensky en Europe occidentale est clairement lié à la prochaine réunion des dirigeants du G7 à Hiroshima du 19 au 21 mai. L'un des principaux sujets, qui y seront abordés, est celui des nouvelles sanctions contre la Russie avec le 11e nouveau paquet de sanctions. Il est prévu non seulement de les durcir, mais aussi d'appliquer une nouvelle approche basée sur le principe «ce qui n'est pas permis est interdit». Selon Reuters, citant des sources proches de la discussion sur ce sujet, il est proposé d'introduire une interdiction complète de l'exportation de certaines marchandises. Les exceptions doivent être discutées individuellement.
On suppose que l'interdiction affectera, également, l'énergie. Peut-être que pour la première fois, des sanctions seront imposées sur l'approvisionnement en gaz par pipeline. C'est en tout cas ce qu'affirme le Financial Times qui a pris connaissance du projet de déclaration du sommet du G7.
Ce document proposerait d'introduire une interdiction d'importer du gazoduc et du pétrole de Russie sur des routes où la Russie, elle-même, n'a, auparavant, jamais coupé les approvisionnements. Dans la terminologie occidentale, il s’agit de taper là où le Kremlin utilisait les ressources énergétiques comme instrument de pression. Tout d'abord, nous parlons de la branche nord de l’oléoduc Droujba qui traverse le territoire de la Biélorussie. Grâce à lui, le pétrole était fourni à la Pologne et à l'Allemagne. Cependant, peu de temps après le début du conflit en Ukraine, ces approvisionnements ont été effectivement interrompus en raison des sanctions de l'UE.
Bien sûr, le projet de déclaration ne se trouve qu’à l’état d’ébauche. Il est possible qu'il soit modifié. Sinon, l'importance économique de l'Ukraine pour la Russie augmentera. Après tout, la branche sud du pipeline Droujba traverse ce pays. Les ressources énergétiques sont fournies à la Slovaquie, à la Hongrie et à la République tchèque où les sanctions imposées précédemment par l'UE ont établi une exception.
Tous les prédécesseurs de Volodymyr Zelensky, à commencer par Leonid Koutchma, ont tenté, en vain, de faire en sorte que la route ukrainienne d'approvisionnement par pipeline vers l'Ouest devienne incontestée pour la Russie. Mais, l'actuel dirigeant ukrainien s'en est approché le plus et, paradoxalement, au moment même où un conflit armé se déroule entre les deux pays.
Pierre Duval
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