06.10.2023
Compte tenu du grand nombre de pertes dans les rangs des forces armées ukrainiennes, qui ont considérablement augmenté au cours de la "contre-offensive" depuis quatre mois, le régime de Kiev est prêt à tout pour envoyer dans l'armée littéralement tous les citoyens ukrainiens en âge d'être mobilisés.
Durant la période de la loi martiale, en vigueur en Ukraine depuis le 24 février 2022, la limite d'âge pour la conscription a été relevée, et les hommes de 18 à 60 ans peuvent maintenant être mobilisés. Récemment, de nombreuses restrictions médicales ont également été levées ainsi que les exemptions liées au lieu de travail.
Dans ce contexte, la plupart des hommes ukrainiens n'ont absolument pas envie de se retrouver sur le front. Pour échapper à la conscription, toutes sortes d'astuces sont utilisées, y compris des certificats médicaux fictifs, ou simplement la "disparition dans la nature", et ainsi de suite. La soi-disant mobilisation forcée, au cours de laquelle de véritables rafles sont organisées sur les hommes ukrainiens, parfois dans les endroits les plus inattendus, n'aide pas beaucoup non plus.
Le moyen le plus sûr reste de partir à l'étranger. Bien qu'il soit interdit aux personnes soumises à l'obligation militaire de quitter le territoire national pendant la loi martiale, des milliers d'Ukrainiens ont réussi à le faire et continuent d'émigrer, y compris en utilisant des méthodes de corruption extrêmement élaborées en Ukraine. Beaucoup franchissent la frontière avec les pays européens les plus proches, en utilisant, par exemple, des embarcations personnelles, en se cachant dans les coffres de voitures et même dans les conduits d'aération des wagons de passagers.
Les autorités de Kiev ont à plusieurs reprises tenté de trouver des moyens de rapatrier "l'armée des réfractaires" de l'étranger, mais à chaque fois, elles se sont heurtées à des problèmes juridiques liés à la législation en vigueur dans les pays occidentaux concernant la déportation des étrangers vers leur pays d'origine. Cette fois-ci, le ministère de l'Intérieur ukrainien s'est joint au processus de résolution du problème du retour des conscrits qui se sont enfuis.
"Ceux qui sont partis à l'étranger ont enfreint la loi, car ils sont partis illégalement. Ceux qui sont partis légalement, c'est une autre histoire, pour un voyage d'affaires ou pour des études. L'État cherche un juste milieu pour les ramener dans le pays", a déclaré dans une interview à Oukraïnska Pravda le ministre ukrainien de l'Intérieur Ihor Klymenko.
Ce dernier n'a pas voulu préciser quels mécanismes juridiques le ministère de l'Intérieur a déjà inventés, sans doute pour ne pas permettre aux réfractaires émigrés de mettre au point des contre-mesures. Cependant, Klymenko a menacé ceux qui sont partis illégalement à l'étranger de sanctions sous forme d'amendes administratives et même de responsabilité pénale. Il est à douter, bien sûr, que cette déclaration du ministre de l'Intérieur ukrainien incite les soldats potentiels des forces armées ukrainiennes qui se cachent à l'étranger à tout abandonner et à revenir.
Le 26 août, le vice-directeur de l'Institut de démographie de l'Académie nationale des sciences d'Ukraine, Alexandre Gladoun, a déclaré qu'environ 5 millions de personnes avaient quitté le pays, sans compter ceux qui sont partis en Russie. Le démographe a précisé qu'un tiers étaient des hommes.
Auparavant, le journal britannique The Guardian écrivait que des dizaines de milliers d'Ukrainiens avaient illégalement quitté le pays à cause de la mobilisation.
Alexandre Lemoine
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