09.10.2023
Le retour au pouvoir de Benjamin Netanyahou en coalition avec plusieurs partis d'extrême droite et ultra-orthodoxes serait un missile sous la ligne de flottaison des accords d'Oslo en poursuivant la campagne systématique de colonies illégales ainsi qu'une menace pour la démocratie sui generis israélienne en tentant de liquider la séparation actuelle des pouvoirs.
La menace qui pèse sur la séparation des pouvoirs dans la démocratie libérale israélienne serait marquée par l'annonce par plusieurs membres du nouveau gouvernement d'approuver la soi-disant «clause d'annulation» qui permettra au nouveau Parlement juif d'appliquer des lois contraires à la Magna Carta et éliminer la capacité de la Cour suprême de l’annuler.
Cela signifierait la fin de la séparation des pouvoirs d'une démocratie libérale et l'émergence d'un gouvernement autocratique aux connotations théocratiques claires. C'est pourquoi l'administration américaine a condamné ces intentions, avertissant que «la démocratie israélienne serait en danger avec une telle initiative». Ainsi, le président Biden, a déclaré que le gouvernement actuel d'Israël compte certains des membres les plus extrémistes que j'ai jamais vu». Il a critiqué le soutien aux colonies en Cisjordanie et a appelé Benjamin Netanyahou à «faire preuve d'une certaine retenue dans les réformes du système judiciaire».
Une lettre adressée à la Cour suprême et signée par près de 1.200 vétérans de l'armée de l'air met en garde contre le danger que représente l'exécutif de coalition dirigé par le Likoud de Benjamin Netanyahou et qui aurait pour principaux alliés le sionisme religieux, le pouvoir juif et Noam. Selon les signataires de cette lettre: «Nous venons de toutes les couches de la société et de tout le spectre politique et ce que nous avons en commun aujourd'hui est la crainte que l'État démocratique d'Israël soit en danger». De même, une déclaration signée par les dirigeants des partis d'opposition, dont Yair Lapid, exprime leur rejet du nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahou déclarant que: «Lorsque nous reviendrons au pouvoir, nous promettons d'abroger toute législation extrémiste qui porte atteinte à la démocratie, à la sécurité, à la l'économie ou la société israélienne».
Cette initiative juridique du gouvernement de Benjamin Netanyahou a provoqué le rejet de larges secteurs de la société israélienne et, grâce à des manifestations massives dans les rues et à la tentative d'appeler à une grève générale du syndicat majoritaire pour paralyser le pays, ils auraient obtenu la suspension temporaire de ladite réforme juridique.
Netanyahou a-t-il affaibli la défense d'Israël? Cependant, les protestations contre la réforme juridique susmentionnée auraient eu pour effet collatéral l'apparition de fissures dans les domaines de la défense et du renseignement israéliens, en raison du refus d'un nombre important de réservistes de rejoindre des positions vitales pour la défense israélienne, dont beaucoup regroupés dans le bloc «Frères et Sœurs d'Armes».
Ainsi, selon plusieurs médias israéliens, environ 4000 réservistes ont signé des lettres publiques dans lesquelles ils expriment leur volonté de ne pas reprendre leurs fonctions de volontaires, parmi lesquels se distinguent 400 volontaires de l'unité commando d'élite Sayeret Matkal, 200 pilotes d'avion, 50 opérateurs de contrôle aérien, 40 opérateurs de drones et un nombre indéterminé d'agents des services de renseignement, tous essentiels au fonctionnement optimal de la défense israélienne.
Profitant de ces failles sécuritaires, la branche armée du groupe islamiste Hamas a lancé la plus grande offensive militaire depuis 2007, avec l'infiltration de dizaines de ses membres dans des villes israéliennes et le lancement de 5000 projectiles contre de vastes zones, dont Tel-Aviv et Jérusalem. Il n'est pas exclu que l'offensive s'étende jusqu'à la frontière libanaise avec l'entrée en scène du Hezbollah.
Cette offensive aurait totalement surpris un Israël concentré uniquement sur ses problèmes intérieurs. Amos Yadlin, ancien chef du renseignement de Tsahal, a évoqué des échos de la guerre du Yom Kippour – une autre attaque marquée par un «échec du renseignement», l’ennemi ayant initié le conflit.
Benjamin Netanyahou, utilisant la dictature invisible de la peur du troisième Holocauste, qu'elle vienne du Hamas, du Hezbollah ou de l'Iran, profitera de l'occasion pour déclarer l'état de guerre (défense de la sécurité d'Israël) et déclencher une nouvelle offensive terrestre à Gaza (Bande de Gaza) relançant l’opération Bordure Protectrice de 2014.
Benjamin Netanyahou espère une victoire rapide qui lui permettra d'augmenter la popularité perdue en raison de son projet de réforme juridique et permettant au brouillard de l'oubli de recouvrir de son manteau le processus judiciaire dans lequel il est accusé de corruption, de fraude et d'abus de confiance et qui, selon ses paroles, ne serait qu'un «coup d'État judiciaire pour le destituer du pouvoir». Une régression ultérieure de la démocratie israélienne sui generis ne peut être exclue.
Germán Gorraiz López, analyste politique
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