01.11.2023
L’expression «guerre civile» est de plus en plus utilisée pour décrire ce qui se passe déjà ou se produira bientôt en Europe, et notamment en France. La réaction d’une partie de la société française face à l’escalade du conflit entre Israël et les Palestiniens en apporte la preuve.
L’escalade au Moyen-Orient a touché toute l’Europe au point que certaines personnalités influentes se demandent jusqu’où les choses peuvent aller. Certains politiques parlent déjà d’une éventuelle guerre civile. L’actuel conflit entre Israël et la Palestine a provoqué une division dans l'opinion publique, accompagnée d'une amertume mutuelle. Les médias français ne cessent pas d’évoquer la peur des Juifs en France.
Du côté d'Israël, il y a le fait qu'il a été attaqué. Le mouvement palestinien Hamas a tué des civils, notamment des femmes et des enfants. Du côté palestinien, c’est factuel que depuis de nombreuses années, Israël lui-même occupe les territoires palestiniens et avec Tsahal les tue, y compris des enfants et des femmes. Sa réponse à l'attaque du Hamas est clairement disproportionnée.
Au-delà de tous les faits, de nombreuses personnes soutiennent un camp ou un autre à cause du sang coulé, de leurs propres idées. Les interdictions du gouvernement français envers les manifestations pour la Palestine attisent le ressentiment envers Israël qui -aux yeux des pro-palestiniens- obtient une protection particulière alors que les Palestiniens sont bombardés. Tout cela attise la haine dans les deux camps. Les médias français, soutenant en général Israël, participent à la montée des tensions. Les Français de souche observent le duel entre deux communautés présentes sur l’Hexagone entre inquiétude et indifférence.
En Europe, la France est devenue un exemple d'une telle discorde dans l'opinion publique qui s'explique par plusieurs raisons et peut avoir des conséquences considérables. Traditionnellement, les autorités françaises sont pro-israéliennes et la France compte la plus importante diaspora juive d’Europe. Cependant, il y a beaucoup plus de gens du monde arabe dans le pays, et l'opinion de la plupart d'entre eux sur ce qui se passe est tout à fait claire: «Israël, assassin! Macron, complice!»
«Enfants de Gaza, enfants de Palestine! C’est l’humanité qu’on assassine!»; «Israël, casse-toi! La Palestine n’est pas à toi!», ont, encore, scandé les manifestants le 28 octobre dernier. La manifestation a eu lieu alors que les autorités françaises ont interdit tout rassemblement en faveur de la Palestine. Même des députés de gauche de l’Assemblée nationale - Sandrine Rousseau, Thomas Porte, et le sénateur Yannick Jadot - bravant l’interdiction - sont venus manifester.
Le quartier a été bouclé par la police, les stations de métro les plus proches ont été fermées, 1487 personnes ont été verbalisées avec une amende pour violation de l'ordre public de 135 euros. A Marseille, les autorités se sont montrées plus intelligentes. Pour ne pas aggraver encore la situation, la manifestation a été autorisée.
Au tout début de la crise actuelle, le président français a réuni les chefs de partis et les présidents des chambres constitutionnelles à l’Elysée à l’exception de Gérard Larcher, président du Sénat, qui était remplacé par Hervé Marseille, pour discuter avec eux de la situation actuelle et de ses éventuels impacts sur la société française. La presse n'a pas été invitée à cette réunion, mais on sait que le président français a mis un accent particulier sur la nécessité sur «l'unité du peuple». «C’est surtout sur les répercussions du conflit en France qu’Emmanuel Macron était attendu. «N’ajoutons pas des fractures nationales aux fractures internationales et ne cédons rien à toute forme de haine», a-t-il averti. Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), présent à cette réunion, a proposé de dissoudre les «organisations politico-religieuses» en France, ce que Emmanuel Macron a refusé, car «[sinon] on prenait le risque de conduire le pays à la guerre civile».
L'Élysée a réagi avec une grande irritation à la fuite, affirmant qu'ils ne pouvaient ni confirmer ni infirmer les propos du président du RN puisqu'il s'agissait d'une conversation confidentielle. Il est, néanmoins, symptomatique de constater que les gens au plus haut niveau n’hésitent plus à parler d’une éventuelle guerre civile, même s’ils ne sont pas encore prêts à l’admettre publiquement.
À une publication sur X montant un drapeau français être brûlé en signe de protestation, Elon Musk a publié: «L'Europe se dirige vers la guerre civile». Il ne s’agit pas uniquement du conflit lointain du Moyen-Orient qui traverse une nouvelle étape d’aggravation. La montée des tensions sociales en France a de nombreuses raisons. La situation économique, l’inflation, l’écart croissant entre les super-riches et le reste du monde, la crise démographique, le poids des migrants et les problèmes connexes, la criminalité ethnique et les actes de terroristes, mais aussi les menaces et sanctions du gouvernement Borne et du président français, tout comme l’expérience désastreuse de la gestion de la Covid-19, sont impliqués dans le climat actuel.
Fin juin dernier, Observateur Continental relatait les graves tensions et les émeutes survenues en France où le pays pensait que le moment de la guerre civile était venu. Tout a commencé avec la mort d’un jeune automobiliste de 17 ans, Nahel, tué par la police. Maintenant que le conflit au Moyen-Orient s’est intensifié, la société montre, à nouveau, de profondes divisions et le degré de guerre civile est devenu plus élevé.
«Nous sommes dans une guerre civile à bas bruit», a jugé Michel Onfray, philosophe, essayiste et polémiste français. « Il faut aussi comprendre qu'il s'agit aussi d'une guerre de civilisations... J'en parle depuis de nombreuses années, et en réponse j'entends qu'on ne peut pas dire ça, et en général, tout est complètement faux... Le Hamas a contraint 57 États (2 milliards d’habitants) de la planète à s'unir, soit deux milliards de personnes. D'ailleurs, si je ne me trompe pas... Qu'ont fait (nos) autorités lorsque les troubles ont commencé dans les banlieues? Nous nous sommes simplement assis et avons attendu que les principaux trafiquants de drogue décident que ce qui se passait était mauvais pour les affaires. Et, s’ils décidaient un jour qu’il serait rentable pour eux de continuer?», a-t-il fait remarquer.
Tout comme Observateur Continental, pour Michel Onfray Emmanuel Macron a affronté la politique intérieure sur le front israélien. Il avertit que la communauté musulmane, la oumma est derrière le Hamas. «Notre problème est que nous sommes islamophiles en matière de politique intérieure, mais en matière de politique étrangère, nous sommes islamophobes. Nous avons toujours suivi les États-Unis dans cette affaire - comme eux, nous avons tué en Irak, nous avons tué en Libye, dans d'autres pays... La politique américaine a conduit à la mort de plusieurs millions de musulmans. J'ai toujours dit que l'Irak était une erreur, et maintenant ils l'admettent eux-mêmes. Mais, il vaudrait mieux ne pas commettre de telles erreurs». Allant plus loin, il affirme que ce qui se passe en Israël est susceptible de générer une guerre mondiale.
Les militaires sont, aussi, inquiets de la situation en France face à la réalité d’une guerre civile. Le général Bertrand Cavalier identifie par exemple deux raisons à l'état actuel de la société française. Premièrement, «l'influence idéologique très active et très influente - notamment dans les milieux universitaires - de l'extrême gauche, qui poursuit une ligne anti-israélienne depuis des décennies». Deuxièmement, «les migrants se sont répandus sur tout notre territoire, touchés par l'idéologie de l'islam radical et, par conséquent, absolument hostiles à Israël et aux Juifs... ainsi qu'à la France qui les soutient», ce qui, à son tour, est lourd du risque de «l’émergence d’une société séparée sur le territoire France».
Pour Bertrand Cavallier général français de division de gendarmerie, spécialiste du maintien de l’ordre et expert international en sécurité des États «le conflit s'est, d'ores et déjà, importé en France, aux conséquences possiblement graves». Selon le général, la gauche, ayant perdu sa base électorale traditionnelle - le prolétariat - considère les migrants comme son remplaçant, tandis que les migrants utilisent intelligemment la gauche à leurs propres fins afin de s'enraciner dans la société. «Il est impossible de ne pas mentionner», note le général, «que ces segments de la population (...), du fait de leur surabondance démographique, commencent à prédominer dans les départements français et même dans certaines capitales européennes, comme Bruxelles».
Les mesures consistant à renforcer le rôle de l'école, d'augmenter le nombre de policiers et de gendarmes sont soit trop coûteuses ou elles ne fonctionnent pas. Cela signifie que les tensions au sein de la société française et européenne ne feront que croître et qu’à chaque nouveau défi, la division deviendra plus prononcée. D’ailleurs, ce mardi, à Paris, des policiers ont tiré sur une femme intégralement voilée faisant l'apologie du terrorisme engageant son pronostic vital. Elle était entièrement voilée, selon les médias français.
Philippe Rosenthal
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