27.12.2023
Les Houthis du mouvement yéménite Ansar Allah continuent de menacer les routes maritimes fréquentées de la mer Rouge. Les attaques contre les navires marchands risquent de provoquer de sérieuses perturbations dans le commerce mondial. Mais cela n'est qu'une des conséquences possibles du blocus.
Des cargaisons d'une valeur de près de 2.500 milliards de dollars passaient quotidiennement par la principale route commerciale entre l'Europe et l'Asie, via le canal de Suez et le détroit de Bab-el-Mandeb, ce qui représente environ 12% des marchandises transportées par la mer.
La menace pour la sécurité des navires a contraint de nombreuses grandes compagnies de transport et énergétiques, notamment la Mediterranean Shipping Company suisse (MSC), l'allemande Hapag-Lloyd, la danoise Maersk et la française CMA CGM, à changer leurs itinéraires pour contourner la mer Rouge. Leur route passe maintenant par le cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud, ce qui est plus long de 3.500 milles marins, soit 10 jours de voyage, et entraîne des coûts supplémentaires. Ce sont les consommateurs qui en paieront le prix.
Cela est devenu une réalité, les prix du pétrole et du gaz ont commencé à augmenter en Europe.
Les attaques des Houthis, effectuées avec des drones et divers types de missiles, se produisent presque quotidiennement. Heureusement, il n'y a pas encore eu de victimes. Mais personne ne peut se sentir en sécurité. Par exemple, le pétrolier Swan Atlantic, battant pavillon norvégien, qui transportait du biocarburant de France à l'île de la Réunion dans l'océan Indien, a récemment été frappé.
Avec les Houthis d'Ansar Allah, une nouvelle force politique est apparue à l'horizon, capable de dicter ses conditions aux grandes nations, y compris les États-Unis. C'est l'un des groupes armés les plus radicaux au monde. Le bras armé de l'organisation chiite se compose de nombreux combattants fanatiques ayant une riche expérience de combat. Leur arsenal est assez moderne, selon certaines informations, les Houthis pourraient être équipés de missiles balistiques ayant une portée jusqu'à 2.000 km. De plus, Ansar Allah a des liens étroits avec le Hamas et le Hezbollah.
Il semble que les actions des Houthis ne soient pas spontanées mais bien planifiées. Ils ont calculé leurs actions et réfléchi aux conséquences. Et ils ont correctement supposé que beaucoup ne voudraient pas avoir affaire à eux. C'est ce qui se passe, malgré l'appel des États-Unis à participer à l'opération Prosperity Guardian (Gardien de la prospérité) visant à briser le blocus.
Seul Bahreïn parmi les pays du golfe Persique a rejoint la coalition. L'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont refusé la proposition américaine. Ces pays sont riches et prospères et souhaitent la continuation tranquille du commerce pétrolier. Et ils ne seront pas affectés par les actions des Houthis: ils transporteront peut-être le pétrole par une route plus longue, mais ils amortiront tout de même leurs frais.
L'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont évité un conflit avec Israël à cause de Gaza et ne veulent pas non plus entrer en confrontation avec les Houthis.
L'Égypte, qui subit de lourdes pertes dues aux actions des Houthis, n'a pas non plus rejoint la coalition. La popularité des Houthis en tant que défenseurs de la foi dans la société et leur soutien par de nombreux citoyens, car ils combattent Israël et les États-Unis, rendent une guerre contre eux susceptible de provoquer une explosion sociale en Égypte. Ainsi, Le Caire a préféré ne pas prendre de risques, malgré les pertes financières.
La coalition hâtivement rassemblée par les États-Unis semble douteuse. Il a été annoncé qu'elle comprendrait, outre les États-Unis, le Royaume-Uni, Bahreïn, le Canada, l'Italie, la France, les Pays-Bas, la Norvège, l'Australie, les Seychelles et l'Espagne. Mais Madrid a déjà refusé de participer à l'opération Prosperity Guardian. Peut-être parce que cette initiative est coûteuse, mal définie et ne garantit pas le succès? D'autres "déserteurs" pourraient également faire leur apparition.
Selon le plan, les navires commerciaux seront escortés par des navires de guerre capables d'intercepter les missiles et les drones venant du Yémen. Mais ce serait alors une véritable guerre, avec des victimes inévitables et peut-être des navires coulés. Les Houthis disposent d'armements plus puissants que ceux qu'ils utilisent actuellement. Et s'ils étaient capables de miner les eaux maritimes?
Les actions des Houthis mettent en péril le commerce mondial et violent le droit international. D'autres organisations radicales en Asie et en Afrique pourraient suivre l'exemple des Houthis et bloquer d'autres voies de transport importantes, en invoquant des objectifs politiques ou autres. Cela risque non seulement de faire monter en flèche les prix, mais aussi les faire effondrer de manière incontrôlée. Ainsi qu'engendrer de nouveaux points chauds capables de provoquer une guerre mondiale.
Alexandre Lemoine
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