19.04.2024
Le soutien de la France par l’utilisation d’avions de guerre pour détruire des drones iraniens a surpris les experts, mais aussi les Français car la France est intervenue militairement contre l’ennemi d’Israël (l’Iran) sans en demander l’autorisation du Parlement français et il n’y avait jamais eu jusqu’à présent d’intervention militaire directe de la France au profit d’Israël. La guerre entre Israël et la Palestine et ses alliés comme l’Iran s’invite en France. Le président français doit avancer comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Son double jeu ne passe pas inaperçu et ravive les tensions dans le pays juste avant les élections européennes et les JO.
La France défend les intérêts d’Israël. Emmanuel Macron veut, certes, toujours revêtir le costume du leader militaire, mais aussi montrer que la France est là pour protéger l’ État hébreu. Mais, en raison des populations musulmanes dans l’Hexagone et de la fronde qui monte contre Israël avec le massacre des Palestiniens dans Gaza, le président français doit ménager les sensibilités pour ne pas allumer le bidon de poudre dans le pays.
La situation en France est explosive. L’antisémitisme augmente surtout depuis les attaques d’Israël sur les Palestiniens après l’attaque du Hamas en octobre dernier. Pour caresser dans le sens du poil, les musulmans en France, et une partie des Français qui dénoncent les crimes de guerre en Palestine commis par Israël, le pouvoir politique français met officiellement en garde contre les actions du gouvernement israélien en Palestine et «condamne avec la plus grande fermeté les actes de violence commis par des colons contre des civils palestiniens en Cisjordanie». «Profonde indignation face aux images qui nous parviennent de Gaza où des civils ont été pris pour cible par des soldats israéliens», avait publié sur X, Emmanuel Macron.
Pourtant, en France, la répression contre les pro-Palestine augmente. Les déclarations du pouvoir politique français contre Israël ne sont que de la communication car les manifestations et les conférences pro-Palestine sont interdites en France. Et, c’est là que le pouvoir politique de Macron montre le comportement de l’éléphant dans un magasin de porcelaine. La conférence de l'association Libre Palestine, soutenue par Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassane, une militante pro-palestinienne, devait se tenir ce jeudi dans un amphithéâtre de Villeneuve-d'Ascq, mais elle a été interdite par plusieurs partis politiques, professeurs, ainsi que par la communauté juive, car celle-ci «pourrait entraîner un climat de haine».
Jean-Luc Mélanchon a dénoncé sur X les interdictions venant de l’État macronien: «Ils nous ont interdits de parole à l'Université. Ensuite, le Préfet a censuré une réunion dans une salle privée. Dans le pays, des personnes de toutes opinions considèrent que c'est allé trop loin». «Nous sommes la patrie de la liberté. Où est-elle désormais?», questionne-t-il.
«Macron a déclaré aujourd'hui que chacun avait le droit de s'exprimer. Alors pourquoi ses préfets interdisent nos conferences? Ils ont des consignes pour réduire au silence les candidats que nous sommes», continue Jean-Luc Mélenchon. «Monsieur Xavier Bertrand nous a classés antisémite. J’entre ainsi dans le club du Pape, de l’ONU, d’Edgar Morin, tous injuriés de la sorte pour avoir dénoncé les massacres. Nous sommes ici pour défendre la paix contre les porteurs de guerre. Cessez-le-feu! Assez de morts!», martèle-t-il.
Rima Hassan, candidate aux élections européennes sur la liste de l’Union populaire avec la France insoumise (LFI) a rappelé: «Nous avons été courageux d'avoir été les premiers à demander le cessez-le-feu, à nommer puis à dénoncer le génocide en cours à Gaza». Avec la répression, les tensions montent en France à cause d’Israël et du soutien du pouvoir politique macroniste envers ce pays.
Des Rafale français ont détruit des drones iraniens. Le porte-parole militaire en chef d'Israël, sans donner de détails précis quant à l'éventuelle participation d'avions français pour abattre des missiles lancés par l'Iran a été le premier à vendre la mèche en déclarant: «La France dispose d'une très bonne technologie, d'avions, de radars et je sais qu'ils ont contribué à patrouiller l'espace aérien». La Tribune précise: «En réponse, une source militaire française a nuancé cette position». «Nous avons contribué à la surveillance et la protection des empreintes (bases, NDLR) sur lesquelles nous sommes déployés avec des moyens de défense», a-t-elle déclaré à l'AFP. «Une prudence qui s'explique par le courroux de Téhéran», continue le quotidien français. C’est surtout à cause des populations musulmanes en France qui ne tolèrent pas la position du gouvernement français. Les émeutes de juin dernier restent dans les mémoires.
20 Minutes fait savoir qu’ Emmanuel Macron a confirmé que l’armée française avait bien procédé à l’interception de missiles iraniens tirés sur Israël. «En Jordanie justement, la France possède depuis 1969 une base militaire aérienne sur laquelle sont actuellement stationnés quatre avions Rafale et une batterie sol-air anti-missile Mamba de moyenne portée», informe le quotidien français.
Au final, le président français a confirmé cette intervention d’avions de guerre français pour aider Israël comme l’AFP le confirme, reprenant ses déclarations sur les chaînes BFMTV-RMC: «Nous avons une base aérienne en Jordanie (...) L'espace aérien jordanien était violé par ces tirs. Nous avons fait décoller nos avions et nous avons intercepté ce que nous devions intercepter».
Dans un entretien à 20 Minutes, Yves Boyer, ancien directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et spécialiste des questions de défense a nommé les avions de guerre français employés pour défendre Israël: «Sans doute que ce sont les Rafale qui ont réalisé ces interventions»; «l’emploi de missiles Aster coûtent plusieurs centaines de milliers d’euros pour abattre un drone».
Emmnanuel Macron, qui est du côté du lobby israélien en France, aura du mal à défendre la position de la France dans le génocide, selon l’ONU, mené par l’ État hébreu contre les Palestiniens. Le discours de victimisation du lobby juif n’a plus le même poids en France, d’autant plus que les Français ayant vécu la Seconde Guerre mondiale et qui furent perméables au récit du «peuple martyr» face aux nazis disparaissent.
Emmanuel Macron et son gouvernement doivent composer avec une nouvelle population en France qui pointe du doigt les crimes d’Israël. Le président français ne pourra pas trouver un équilibre dans son soutien à Israël et à la Palestine.
La France déclare vouloir parvenir à un règlement politique global du conflit israélo-palestinien, sur la base de la solution des deux États et a voté pour l'adhésion de la Palestine à l'ONU, affirmant: «Nous sommes favorables au rehaussement du statut de la Palestine à l’ONU et à son admission comme membre de plein droit».
Emmanuel Macron et sa diplomatie sont assis sur deux chaises, ce qui ne sera pas tenable du fait de la contestation en France.
En outre, les États-Unis, l'allié de la France, qui place sous tutelle l'hexagone, a exercé son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies le 18 avril et a bloqué le projet de résolution algérien sur l'admission de la Palestine en tant que membre à part entière de l'organisation mondiale. Ainsi, douze membres du Conseil de sécurité, dont la France, ont voté en faveur du document recommandant l'admission de la Palestine à l'ONU en tant que membre à part entière de l'organisation, la Suisse et le Royaume-Uni se sont abstenus, tandis que les États-Unis se sont opposés au projet de résolution.
Philippe Rosenthal
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs
Abonnez-vous à notre chaîne Telegram: https://t.me/observateur_continental