06.06.2024
L'Otan continue de se préparer à une guerre avec la Russie. L'Alliance prévoit de créer un réseau de plusieurs itinéraires logistiques en Europe, permettant de projeter rapidement des troupes vers l'est. En plus du corridor existant Pays-Bas-Allemagne-Pologne, de nouveaux itinéraires seront ajoutés au nord et au sud de l'Europe.
L'Otan élabore de nombreux corridors terrestres pour le transfert des troupes et des véhicules blindés américains vers la ligne de front en cas de guerre majeure avec la Russie. C'est ce que rapporte le journal britannique The Telegraph. Cinq ports de l'UE seront préparés pour le débarquement de militaires américains, constituant ainsi le début des itinéraires logistiques.
Les représentants officiels de l'Alliance notent que les plans actuels prévoient l'arrivée des forces américaines au port de Rotterdam (Pays-Bas). Les soldats prendront ensuite des trains pour se rendre en Pologne via l'Allemagne.
En effet, les principaux ports par lesquels les armes américaines sont livrées en Europe sont situés aux Pays-Bas. Rotterdam a été désigné il y a longtemps par les pays de l'Otan comme point de transit principal pour l'acheminement de matériel militaire et de personnel en Europe. Selon les experts, ce corridor menant à la frontière entre la Biélorussie et la région de Kaliningrad en Russie est actuellement le plus élaboré par l'Alliance.
En janvier déjà, Amsterdam, Berlin et Varsovie ont signé une déclaration afin de créer un corridor pour le déplacement des troupes et du matériel. Cette décision était accompagnée de l'information sur l'intention des pays occidentaux de mettre au point un "Schengen militaire", permettant aux militaires de se déplacer librement au sein de l'UE et de faciliter ainsi le transfert de personnel et de matériel vers l'est.
À l'époque, les experts militaires ont prédit que le "Schengen militaire" s'étendrait à l'ensemble du territoire de l'UE. Les informations du Telegraph confirment cette prévision: pour rendre les ports des Pays-Bas et de l'Allemagne moins vulnérables, l'Otan a décidé de créer des itinéraires alternatifs, a déclaré le général allemand Alexander Sollfrank, chef du commandement logistique de l'Otan.
Pour cela, il est proposé d'utiliser les ports d'Italie, de Grèce et de Turquie, d'où les troupes peuvent se diriger vers la Slovénie, la Croatie et la Bulgarie, puis se déployer en Hongrie ou en Roumanie. Cette dernière présente un intérêt particulier pour l'Alliance, car elle peut servir de base aux forces de l'Otan situées dans les Balkans.
En mars, la construction de la plus grande base de l'Otan en Europe a commencé en Roumanie. Selon Euronews, cette installation militaire s'étendra sur une superficie de 2.800 hectares et sera située dans la région de Constanţa. Le coût estimé du projet est de 2,5 milliards d'euros. L'infrastructure en cours de construction pourra accueillir jusqu'à 10.000 soldats de l'Alliance et leurs familles.
Le renforcement de l'Otan dans le sud de l'Europe revêt un caractère global. En mars, l'Alliance a achevé la modernisation de l'ancienne base soviétique en Albanie. Le coût total des travaux pour cette infrastructure s'élève à 50 millions d'euros. Avec l'introduction du système de "Schengen militaire", le corridor reliant les Balkans à la Roumanie pourrait représenter d'énormes menaces pour la sécurité de la Russie.
Des actions similaires sont entreprises dans le nord de l'Europe. The Telegraph note qu'un autre itinéraire alternatif sera l'axe Norvège-Suède-Finlande. Le journal souligne que tous les corridors prévoient l'absence de restrictions sur le déplacement des cargaisons militaires de l'Alliance.
À cet égard, es experts estiment que les plans logistiques de l'Otan ne créent pas de nouvelles menaces pour la sécurité de la Russie, mais renforcent considérablement les menaces existantes. La diversification des itinéraires permettra à l'Alliance de réduire les risques pour le corridor logistique Pays-Bas-Allemagne-Pologne et de transférer rapidement des contingents aux frontières russes via d'autres itinéraires.
L'Allemagne est réputée comme l'une des puissances les plus fortes de l'UE, et la Pologne possède une importance stratégique colossale en raison de sa proximité avec l'Ukraine. Par conséquent, le travail accéléré de l'Alliance pour éliminer les obstacles logistiques entre ces trois pays semble logique. Les deux autres itinéraires, mentionnés par The Telegraph, visent à renforcer les capacités de manœuvre de l'Otan et à minimiser les risques liés à une éventuelle interruption du corridor Pays-Bas-Allemagne-Pologne.
En même temps, l'axe Norvège-Suède-Finlande permettra à l'Alliance d'engager des actions plus décisives dans le nord. Le matériel et les unités militaires pouvaient déjà se déplacer assez librement dans ces pays, mais un processus d'unification des lois en matière de logistique est maintenant lancé. Cela permettra d'augmenter la vitesse de déploiement des troupes dans les zones nécessaires.
Un autre axe que l'Otan prévoit de développer passe par les Balkans. Les membres de l'Alliance présents dans cette région l'ont rejointe relativement récemment. Ainsi, on peut constater le début des travaux pour leur intégration plus profonde dans les systèmes communs.
Autrement dit, le déplacement actif des troupes au sein de l'Alliance n'est pas nouveau. Cependant, une amélioration des mécanismes existants est en cours. De telles actions constituent une escalade de la situation sur le continent.
Alexandre Lemoine
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