Lors de la conférence de Munich sur la sécurité du 15 au 17 février dernier M. Trump avait exigé à ce que la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, reprennent leurs djihadistes après avoir menacé de les libérer si ces pays refusaient d'appliquer ses ordres. Le Commissaire aux affaires étrangères kurde contredit M. Trump dans un entretien donné ce dimanche 24 février au journal ''Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung'' en déclarant que seul le gouvernement kurde actuel peut décider sur le sort des prisonniers de l'Etat islamique.
Les djihadistes, leurs femmes et enfants, sont entre les mains des Kurdes. Abdulkarim Omar, Commissaire aux affaires étrangères kurde, qualifie les menaces de M. Trump comme étant en décalage avec la réalité du terrain car ''environ 800 prisonniers étrangers ne se trouvent pas sous l'autorité des Etats-Unis mais entre les mains des forces kurdes''. ''Nous avons 49 nationalités différentes représentées chez les djihadistes. Seul le Khazakstan a tenté de reprendre ses nationaux. Certains pays ont repris des enfants et des épouses de djihadistes, mais pas plus''. ''1600 enfants et 700 épouses étrangères sont détenus dans des prisons et des camps syriens'' précise Abdulkarim Omar dans un autre entretien donné au média chinois ''CGTN'' publié sur son compte Twitter.
Les Kurdes de Syrie s'opposent à M. Trump. ''Nous allons traiter les membres de l'Etat islamique selon les conventions et les contrats internationaux. Nous n'allons pas les libérer'' déclare Abdulkarim Omar. Le représentant berlinois de l'autonomie gouvernementale kurde, Ibrahim Murad, déclare également au ''Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung'' ne pas comprendre les menaces de M. Trump sur la libération des djihadistes car ce n'est pas l'intérêt des Kurdes de les libérer ''cela serait aussi pour nous dangereux''. Parmi les djihadistes prisonniers se trouvent de hauts gradés de l'Etat islamique, des meurtriers, des violeurs.
Juger les djihadistes dans leur pays. ''Ces djihadistes sont comme des bombes à retardement. Si la bombe explose, c'est un danger pour le monde entier et pas seulement pour nous'' dit le représentant du gouvernement kurde basé à Berlin. Les djihadistes devraient être jugés dans leur pays d'origine. Dans le nord de la Syrie, nous n'avons pas les capacités pour le faire'', déclare Ibrahim Murad. Omar, lui, explique que les Kurdes sont au bout de leur force. ''Nous avons payé un lourd prix pour récupérer notre pays. Nous ne pouvons pas en plus élever 1600 enfants étrangers traumatisés. Il y va de la responsabilité de l'Allemagne de récupérer ses nationaux''. Le gouvernement kurde veut livrer les djihadistes aux Etats concernés et surtout ne pas les remettre en liberté soulignant les propos irresponsables de M. Trump.
La position de l'Allemagne, de la France, du Royaume Uni. Le gouvernement allemand même si il reconnaît de manière formelle à tous les djihadistes, leurs femmes et leurs enfants, le droit de revenir en Allemagne n'a cependant encore rien fait pour organiser leur retour. ''Nous ne savons pas qui est allemand parmi les djihadistes'' a déclaré le porte-parole du gouvernement allemand comme pour refuser le retour des djihadistes. Le Royaume-Uni, comme dans le cas de l'épouse de djihadiste Shamima Begum, est en train de leur retirer la nationalité britannique et refuse de rapatrier d'autres djihadistes détenteurs de la nationalité britannique car ''ils ont une autre nationalité aussi''. Seule la France de Macron veut rapatrier ses djihadistes. ''Le gouvernement français a toujours voulu faire revenir les djihadistes sur notre sol'' dénonce le magazine Valeurs Actuelles dans un article de février. ''Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, prétend que ces terroristes sont « Français avant d'être djihadistes » ou Mme Belloubet, ministre de la Justice, qui en appelle aux « droits » de ces individus, visiblement bien plus importants à ses yeux que la sécurité des Français''. La France de Macron joue avec le feu. Déjà en mars 2018 les journalistes Edith Bouvier et Céline Martelet parlaient des femmes de djihadistes dans "Un parfum de djihad" comme ''des femmes recruteuses, des propagandistes, des mères perdues, des épouses promises à un futur martyr qui furent armées et entraînées''. Les autorités françaises n'ont seulement pris au sérieux le danger des femmes de djihadistes le 4 septembre 2016 avec l'attentat raté à la cathédrale Notre-Dame de Paris.