Luigi Ventura, l'ancien ambassadeur du Vatican en France, jugé mardi à Paris pour des agressions sexuelles sur cinq hommes en 2018 et 2019 dans l'exercice de ses fonctions diplomatiques, n'était pas présent à son procès. Contre le prélat italien âgé de 75 ans, resté à Rome pour des raisons sanitaires liées au coronavirus, dix mois de prison avec sursis ont été requis. Monseigneur Luigi Ventura a toujours réfuté ces accusations.
Alors que l'Eglise catholique était touchée par de multiples scandales sexuels, cette affaire a éclaté en février 2019 en poussant le Saint-Siège à lever l'immunité diplomatique du nonce apostolique de 75 ans, une première dans l'histoire moderne de la diplomatie vaticane.
A la suite d'un signalement de la mairie de Paris, en vertu de l'article 40 du Code de procédure pénale, qui impose à toute autorité publique de signaler une infraction dont elle a connaissance, la presse française a révélé l'ouverture d'une enquête le 24 janvier 2019.
L'un de ses cadres municipaux de la délégation générale aux relations internationales (DGRI), aujourd'hui âgé de 28 ans, a dénoncé avoir subi des «mains aux fesses» appuyées à trois reprises le 17 janvier durant la cérémonie des vœux aux autorités diplomatiques. Avec lui, quatre autres hommes ont rapporté des attouchements identiques de la part du prélat italien lors d'événements publics en France, entre janvier 2018 et février 2019.
Un community manager, d'une quarantaine d'années, salarié de la mairie, a déposé une plainte pour des faits datant, un an plus tôt, de la même cérémonie; un séminariste pour des gestes comparables lors d'une messe. Deux autres hommes se sont présentés, dont un haut-fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères qui n'a toutefois pas souhaité se constituer partie civile.
Le 8 juillet 2019, l'immunité diplomatique de Luigi Ventura a été levée, permettant d'éventuelles poursuites judiciaires. L'été suivant, le parquet de Paris a décidé de renvoyer le prélat devant le tribunal correctionnel.
Alors qu'en début de semaine, les plaignants lisaient dans la presse que Luigi Ventura était impatient de comparaître et d'être confronté aux parties civiles. Hier, à moins de 24 heures de leur audience, ils ont appris qu'il ne viendrait pas. Un certificat médical, écrit par un médecin romain, a justifié de cette absence.
Mgr Ventura, diplomate de carrière du Vatican, était en poste depuis 2009 à Paris, chargé des relations du Saint-Siège avec les autorités françaises et avec les évêques de France. Pour «limite d'âge», il a démissionné en décembre 2019.
Entré au service diplomatique en 1978, il a été nonce apostolique en Côte d'Ivoire, au Burkina Faso et au Niger (1995), puis au Chili (1999) et puis au Canada (2001), avant d'être envoyé dans la capitale française.
L’Eglise catholique est touchée ces dernières années par plusieurs scandales d'abus sexuels et d'accusations de dissimulation à travers le monde. Le pape François a , en réponse, notamment promis qu'il serait intransigeant avec la haute hiérarchie ecclésiastique.
Le tribunal rendra sa décision le 16 décembre 2020.