Le gouvernement collégial de la Nouvelle-Calédonie est tombé, mardi 2 février, suite à la démission des indépendantistes de l’exécutif qui ont mis en cause «l’impasse et l’immobilisme» dans l’archipel en raison de la vente d’une usine de nickel qui provoque depuis plusieurs mois un climat de tension.
Les indépendantistes du Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS) détenaient cinq postes de l’exécutif sur onze. Leur démission, comme celle de leurs suivants de liste, provoque de fait une chute du gouvernement collégial, élu par les membres du Congrès. Dans un délai de quinze jours, un nouveau gouvernement devra être élu, d'après le statut de l’accord de Nouméa (1998).
Louis Mapou, président du groupe UNI-FLNKS (Union nationale pour l’indépendance) et son homologue de l’UC-FLNKS (Union calédonienne), Pierre-Chanel Tutugoro, déclarent, dans un communiqué mis en ligne par le FLNKS, avoir «déposé conjointement» une lettre au président du gouvernement, Thierry Santa (loyaliste). Dans cette lettre, on peut lire: «Les membres du gouvernement [indépendantistes] présentent leur démission».
Le FLNKS invoque le «processus de vente» de l’usine de nickel du groupe brésilien Vale, «qui fait primer les intérêts des multinationales sans considération des aspirations des populations locales». Cette unité industrielle est vendue à un consortium calédonien et international où se trouve le géant suisse Trafigura. Alors qu'elle pourrait être validée le 12 février, la vente provoque une forte indignation dans la mouvance indépendantiste. Après avoir été prise d’assaut par des émeutiers le 10 décembre, l'usine est à l’arrêt.
Milakulo Tukumuli, président de l’Eveil océanien, parti charnière au Congrès, qui n’a toutefois pas précisé si son parti formerait ou pas une majorité avec le FLNKS, a déclaré à l’AFP: «Je préfère une action institutionnelle à une action sur le terrain. Nous l’avons déjà dit, nous pensons qu’il faut repousser la vente de cette usine, les oppositions sont trop fortes».
Les discussions avec l’Etat pour préparer «l’après-accord de Nouméa» sont au point mort en raison du conflit autour de la vente de l’usine Vale. En outre, l’archipel est en confronté à une forte crise budgétaire et à une économie en détresse à cause des incertitudes institutionnelles et de la Covid-19.
Quatre mois après le référendum sur l’indépendance du 4 octobre, remporté de justesse par les partisans de la France (53,3 %), la chute du gouvernement intervient. Un premier référendum avait eu lieu en 2018 et un troisième est encore possible d’ici à 2022.