Le journal DR de Copenhague révèle qu'un bateau de Frontex avec un équipage danois se trouvant sous les ordres du quartier général de l'opération Poséidon (mission de surveillance des frontières en soutien à la Grèce), a été pris la main dans le sac en train de faire venir des migrants illégaux en UE.
En 2015, la Grèce et l’agence européenne Frontex ont mis en place une opération conjointe ayant pour but de gérer l’afflux massif de migrants en Méditerranée orientale. Depuis, l’opération Poséidon se veut être un laboratoire pour la gestion européenne des migrations en participant finalement à l'import des migrants illégaux en UE.
Après l'annonce par la Turquie de l'ouverture de ses frontières le 1 mars dernier, des milliers de migrants ont afflué dimanche vers la Grèce. Bruxelles a donné des ordres à Frontex pour soutenir la police grecque afin de repousser cette invasion migratoire. «Le patrouilleur danois appartenant à la flotte de Frontex a refusé d'obéir aux ordres du quartier général grec de l'opération Poséidon en décidant de transporter 33 migrants illégaux en UE», écrit DR tout en précisant que cette vedette danoise en service en mer Égée avait depuis le mois de juin de l'année dernière pris en charge 1 800 migrants qui naviguaient dans des bateaux gonflables en provenance de Turquie.
La ministre danoise de la Défense, Trine Bramsen a rendu visite aux troupes danoises de Frontex qui se trouvent sur l'île de de Kos le mercredi 4 mars suite à l'acte de désobéissance d'un des bateaux de patrouille danois de Frontex à Kos en Grèce. Le commandant danois de la vedette a estimé, quant à lui, que cette opération qui consistait à repousser les migrants sur leur zone de départ, c'est à dire en Turquie, mettait en danger les naufragés et a donc décidé de les déposer sur l'île grecque de Kos.
La ministre danoise a assuré son soutien au commandant de la vedette et au chef de la police danoise en se disant satisfaite de la manière dont ils avaient géré l’incident. «Ils ont résolu la mission en fonction du mandat qui leur avait été confié», a-t-elle déclaré.
Le chef de la police danoise, Jens Møller, tout en critiquant l'action des gardes-côtes grecs qui avaient tenté de couler une embarcation de migrants en pleine mer, a indiqué qu' «avant la mission consistait à sauver les migrants et à les ramener à terre mais que maintenant nous devons signaler les embarcations et les signaler à la police grecque».
Ce refus d'obéir venant de cette vedette danoise se trouvant sous les ordres de Frontex montre en fait qu'il est tout simplement difficile de remettre en question des pratiques appliquées depuis 2015 avec l'ordre de Berlin d'importer en masse des migrants en direction de l'UE. Berlin avait ouvert les frontières sans obtenir l'autorisation des autres pays de l'Union européenne. Des juristes allemands avaient tenté sans succès de lancer une procédure contre Angela Merkel.
Le chef des opérations Jens Møller ainsi que le capitaine de la marine danoise Jan Niegsch confirment que les garde-côtes grecs ont pour ordre d'empêcher les bateaux de migrants de traverser la frontière maritime entre la Turquie et la Grèce. Ce qui est l'ordre donné par Bruxelles. «Les équipages danois de Frontex ont maintenant commencé à documenter ce qu'ils vivent lorsqu'ils observent à distance les garde-côtes de la marine grecque», explique Jens Møller.
Les marins et officiers danois disent qu'ils ont vu des patrouilleurs grecs en train de naviguer auprès des bateaux gonflables surpeuplés dans le but de les retourner. Les équipages danois, eux, évoquent les règles de sauvetage en mer pour expliquer la décision d'une vedette danoise de désobéir à un ordre du quartier général grec de Frontex.
Olivier Renault