D'après des observateurs arabes, ce 28 mars, un nouveau grand convoi militaire turc de plus de 100 camions, de dizaines de véhicules blindés et de moyens de transport avec des militaires à bord a franchi le poste frontalier de Kafr Lusin dans la province d'Idlib en provenance de la province turque de Hatay. Dans ce convoi ont été aperçus des systèmes de lancement antiaériens Hawk de l'armée turque.
Les systèmes antiaériens de moyenne portée Hawk (Etats-Unis) élaborés à la fin des années 1950 sont en service dans plusieurs dizaines de pays. Ils continuent de représenter une grande menace pour l'aviation après leur profonde modernisation. Ils sont capables d'éliminer des cibles aériennes à 18 km d'altitude dans un rayon de 25 à 40 km.
Selon des analystes militaires régionaux indépendants, à l'heure actuelle, les effectifs des militaires turcs dans les provinces d'Idlib, de Lattaquié et d'Alep s'élèvent à plus de 10.000 hommes. Sur plus de 55 sites militaires se concentrent plus de 300 chars et véhicules blindés, près de 150 canons d'artillerie et de lance-roquettes multiples. Plusieurs dizaines de postes de commandement et de liaison ont été déployés.
A noter que la plupart des garnisons turques se trouvent à proximité immédiate des postes d'appui des groupes armés illégaux de l'opposition syrienne ou à l'intérieur.
De nouveau le ministre turc de la Défense Hulusi Akar a fait part de son intention de "ne pas retirer les troupes turques d'Idlib en toute circonstance et se préparer pour une grande opération contre la force d'autodéfense kurde".
Selon les fuites dans les sources ouvertes, un accord a été conclu entre la Turquie et le commandement de groupes armés illégaux pour constituer cinq brigades conjointes de plus de 30.000 hommes au total. Chaque brigade comprendra 3.000 (1.500 Turcs et 1.500 combattants). Trois unités seront recrutées à partir de combattants du Front national de libération où la position de leader revient au Comité de libération de la Syrie (ancien Front al-Nosra, groupe terroriste islamique). Le commandement des unités sera conjoint. Deux autres brigades seront recrutées à partir de sections de déserteurs de l'ancienne Armée syrienne libre commandées par des officiers turcs.
En même temps, ce 31 mars expire l'ultimatum russe exigeant des bandes armées de libérer le corridor prévu par les accords turco-russes le long de l'autoroute Alep-Lattaquié dans la province d'Idlib. Le commandement militaire russe a déclaré plus tôt qu'en cas de refus de se plier aux exigences, l'armée gouvernementale syrienne avec un soutien actif de la Russie serait en droit de relancer les activités militaires contre les combattants "indépendamment de leur orientation militaire et politique".
Le déploiement dans la zone de désescalade d'Idlib de la défense antiaérienne turque représente un certain risque pour l'aviation, surtout syrienne: il est peu probable que les Turcs osent utiliser l'arme antiaérienne contre des avions russes. Cependant, il ne fait aucun doute que le commandement turc a l'intention de combattre l'aviation syrienne, ce qui pourrait significativement aggraver la situation dans la région.
De leur côté, les Américains ont commencé à "bouger" à l'Est de l'Euphrate: après les déclarations menaçantes de Hudusi Akar, le Pentagone a envoyé du Kurdistan irakien en Syrie un convoi d'environ 150 véhicules avec des armes, des munitions et d'autres équipements pour les Forces démocratiques syriennes kurdes. Washington a ainsi montré à Ankara sa détermination à maintenir les relations d'alliés avec les Kurdes syriens et à éviter toute atteinte des Turcs à établir le contrôle en dehors de la zone de contrôle impartie.