D’après le sondage Ifop, 57 % des jeunes musulmans considèrent que la charia est plus importante que la loi de la République. Soit une augmentation de 10 points par rapport à l’année 2016.
L'Ifop a mené une enquête, comme le révèle Marianne. sur l'adhésion à la laïcité pour le Comité Laïcité République sur le rapport au religieux et la lutte contre l'islamisme auprès d'un échantillon de Français non musulmans et d'un autre de Français de confession musulmane.
Pour la deuxième année consécutive l'institut de sondages, Ifop, a mené une étude pour le Comité Laïcité République (CLR) qui a remis jeudi 5 novembre son prix annuel de la laïcité. La publication de ce sondage a été réalisée après une série d'attentats islamistes alors que le gouvernement s'apprête à faire voter un «projet de loi visant à renforcer la laïcité».
L'Ifop a, pour mesurer au mieux l'état de l'opinion, mobilisé deux échantillons distincts: l'un, de 2.034 personnes, représentatif de la population française, interrogé fin octobre ; l'autre, composé de 515 citoyens de confession musulmane interrogés en août, un choix que les sondeurs justifient par l'intérêt «d'obtenir des données fiables sur une catégorie de la population dont l’avis est central dans une étude abordant notamment les manifestations de religiosité dans l’espace public ou la lutte contre l’islamisme».
Force est de constater, s'agissant des principales lois laïques, qu'elles sont massivement approuvées par la population: la loi de 1905 trouve 88 % de sondés favorables, celle de 2004 (interdisant les signes religieux à l'école publique) 85 %, et celle de 2010 (interdisant le port du voile intégral) 88 %. «Les musulmans, sont majoritairement opposés (56 %) à la loi de 2004, souvent accusée d'être «islamophobe» par les activistes islamistes et leurs alliés objectifs», écrit Marianne, rajoutant qu' ils sont 87 % à approuver la loi de 1905 et 37 % à déclarer vouloir en assouplir certains aspects tout en expliquant que «les récentes propositions émanant de la droite ont également été testées par l'IFOP et recueillent l'assentiment d'une large majorité de sondés, comme l’instauration de cours sur les valeurs de la République et la laïcité qui seraient sanctionnés par une épreuve obligatoire au brevet des collèges (82 % d'approbation) ou la mise en place d’une épreuve de laïcité pour les candidats à un concours d'enseignant (81 %)».
La fracture la plus nette au sein de la population française est culturelle et non pas juridique. Elle s'observe en ce qui concerne la place de la religion dans la société. les Français de confession musulmane sont bien plus favorables que les autres à la visibilité du religieux dans l'espace public, indique le sondage.
La charia passe avant la loi de la République pour plus de la moitié des jeunes musulmans
A la question si «les normes et règles» édictées par leur religion sont-elles plus importantes que celles de la République ?» le sondage indique que «si 37 % ne sont ''pas du tout d'accord'' avec le fait de placer ''la loi islamique'' avant celle de la République, 38 % partagent au contraire ce point de vue» et qu' «une proportion atteint même 57 % chez les 18 à 24 ans, en hausse de 10 points par rapport à 2016».
«La revendication d’un statut particulier avec des droits particuliers progresse fortement chez les Français musulmans, notamment chez les jeunes qui plébiscitent un modèle communautariste», précise Jean-Pierre Sakoun, président du Comité Laïcité République.